Flavie (60 ans) est Luxembourgeoise. En 1998, alors que sa fille quitte le foyer familial, elle et son mari quittent Dudelange pour Audun-le-Tiche, en France. À l’époque, ils recherchaient une maison avec un petit jardin. C’est dans le Pays-Haut qu’ils les trouveront. Ce sont les prix élevés de l’immobilier luxembourgeois, mais aussi la mauvaise qualité des biens proposés au Grand-Duché, qui les incitent à s’expatrier en France.

Fille d’immigrés italiens, cette ancienne vendeuse à la retraite s’est toujours sentie à la fois étrangère et chez elle, partout où elle passait. A l’école luxembourgeoise déjà, elle n’était pas considérée comme une enfant du cru, bien que née et élevée au Luxembourg, pays où elle dit y avoir ses racines.

Aussi, elle se sent avant tout européenne, avant d’être italienne ou luxembourgeoise.

D’emblée, elle et son mari sont vite été intégrés par les voisins et riverains : “les gens étaient plus accueillants, tout le monde se parlait, se saluait, s’adressait la parole et était souriant. Je trouve que l’esprit y était à l’époque plus ouvert qu’à Dudelange“, se rappelle-t-elle.

Ses amis et proches d’alors, ne comprenaient pas leur décision de partir : “Au début, ils ont réagi assez négativement, quand nous leur avons annoncé notre intention de déménager en France“, se souvient-elle.

Audunoise par choix

S’ils avaient fait le choix de l’Allemagne, ceux-ci auraient plus approuvé. De culture plutôt latine que germanique, Flavie et son mari se sentaient plus chez eux à Audun, même si naguère l’offre d’infrastructures et de services n’était pas ce qu’il est aujourd’hui.

Nos proches nous disaient que les taxes y étaient plus élevées ; aussi, durant la première année, nous avons fait nos calculs : factures d’eau, de gaz et d’électricité, taxes foncières et d’habitation, frais de ramassage des ordures…. Nous avons comparé toutes ces dépenses avec celles que nous payions au Luxembourg, et même avec celles de nos amis qui résidaient en Belgique et en Allemagne“, poursuit-elle. “Au final, les charges étaient peut-être un peu plus chères en France, mais pas insupportables au point de revenir habiter au Grand-Duché”.

Retraitée depuis quatre ans, elle a travaillé plus de 15 ans pour le même magasin de vêtements à Bertrange. À raison de six jours par semaine, du lundi au samedi inclus, entre six et sept heures quotidiennes.

Le dimanche son seul jour libre, elle le consacrait à sa famille et à sa maison. Et en sortait peu, préférant y recevoir ses amis, ceux pour qui passer la frontière et venir en France ne posait pas de problèmes.

Changement de rythme

Depuis son départ à la retraite en 2013, son rythme de vie a un peu changé : “Nous profitons plus de notre maison et de notre jardin. Nos amis viennent toujours chez nous, mais désormais nous prenons aussi le temps d’aller chez eux“, reconnaît-elle.

Quand elle ne rend pas visite à sa fille et à son petit-fils à Esch/Alzette, elle va régulièrement à Luxembourg-Ville, ce qu’elle ne faisait auparavant que très rarement.

Profiter du cadre de vie

Si elle aime s’y promener, elle regrette la prolifération d’enseignes de luxe et la disparition des petits commerces. Aussi, pour ses courses, elle préfère Esch/Alzette et même Thionville : “Si je veux des produits de tous les jours, ce n’est pas en Ville que j’irais faire mes courses“, précise-t-elle.

Pour aller au Grand-Duché, elle prend de moins en moins la voiture : “Les infrastructures de transport sont idéales pour les frontaliers retraités comme nous. Maintenant, je prends principalement le bus ou le train pour aller au Luxembourg. Pas de parking à payer, pas de bouchons à supporter… Nous avons donc tous les avantages des deux pays, sans les inconvénients“, se réjouit-elle.

Si c’était à refaire, elle et son mari ne changeraient rien. Ils ne songent pas à revenir passer leurs vieux jours au Luxembourg, et comptent bien profiter de leur retraite dans une ville, qui, selon elle, fait toujours plus d’efforts pour améliorer le cadre de vie de ses habitants.