Le télétravail au Luxembourg : réaliste ou non ?
Publié
par
CaptainListe
le 07/12/2016 à 13:12
Le télétravail est souvent présenté comme étant la solution aux problèmes d’embouteillages, de pollution et de conciliation entre la vie personnelle et la vie professionnelle.
Cela dit, pour les travailleurs frontaliers, c’est plus compliqué à mettre en place en raison de règles fiscales et sociales contraignantes (voir : Télétravail – Des avantages oui : mais attention aux mauvaises surprises).
Dans un regard croisé, la Fondation IDEA s’est interrogée sur cette pratique : Le télétravail serait-il une fausse bonne idée (FBI) ou une solution réaliste pour le Luxembourg (SREL) ?
Télétravail : FBI !
Pour Michel-Edouard Ruben, même si le télétravail peut être perçu comme “une panacée” dans le contexte luxembourgeois (au niveau de la mobilité, de l’environnement ou du bien-être du salarié), à grande échelle, il risquerait de “générer des problèmes bien supérieurs aux avantages proposés“.
Ainsi, plus qu’une aide à la gestion vie privée – vie professionnelle, le télétravail risque de “déborder sur l’espace privé“, c’est-à-dire que les salariés seraient continuellement disponibles, ce qui déboucherait sur une situation où le travail “traverserait l’ensemble des temps sociaux et de vie, et où il deviendrait difficile de borner la journée de travail“.
D’autre part, si le télétravail est perçu comme un allié dans la lutte contre le réchauffement climatique, le bilan global serait pourtant très limité. Michel-Edouard Ruben explique que sur les 10 millions de tonnes de CO2 émises au Luxembourg en 2014, les frontaliers ne représentent qu’entre 5% et 15%. Cela signifie que si tous les frontaliers faisaient du télétravail, l’impact direct sur les émissions de CO2 totales ne seraient que de l’ordre de 1 à 3 % !
En plus de l’obstacle représenté par le traitement fiscal des frontaliers qui télétravaillent, d’autres points négatifs sont également soulevés.
Le télétravail risque ainsi de reporter certains coûts sur le salarié, comme l’électricité, le chauffage, la gestion informatique, l’assurance accident, etc. Il peut aussi “être source d’inégalités“, entre ceux qui ont la possibilité de le pratiquer et ceux qui ne peuvent pas. Le télétravail à domicile pourrait aussi obliger les proches du travailleur vivant avec lui à modifier leurs comportements ce qui pourrait être source de conflit. Cette pratique tend aussi à l’isolement du télétravailleur et représente des coûts importants en matière de sécurité informatique, secret professionnel, etc.
Retrouvez le point de vu complets de Michel-Edouard Ruben sur le site de la Fondation IDEA asbl : Le télétravail : une fausse bonne idée.
Télétravail : SREL !
Sarah Mellouet à l’inverse, considère que le télétravail est une organisation du travail pleine d’avenir, “particulièrement adaptée aux navetteurs frontaliers. Mais pas seulement“.
Ainsi, en plus de la “réduction des émissions de CO2 liées aux trajets domicile/travail (…) le télétravail, bien coordonné, permettrait surtout une meilleure maîtrise des flux, voire une réduction du coût des embouteillages (décongestion des principaux axes)“.
En plus de cela, son impact sur la santé et le bien-être des actifs est, pour Sarah Mellouet, à considérer en priorité (équilibre personnel, stress, fatigue, etc.). Deux jours de télétravail par semaine “libéreraient en moyenne 3h30 de temps de transport par semaine, à réallouer au travail, au sommeil, au bénévolat, aux loisirs, etc.“.
De plus, une organisation du travail plus flexible permet de casser le rythme du travail et de réduire la pression : “Cette pratique ponctuelle, offrant une sérénité propice à la concentration et à la créativité, constitue donc une soupape d’évacuation du stress et des frustrations potentielles“.
Enfin, le télétravail ne se cantonne pas uniquement au fait de travailler de chez soi, mais doit être vu comme le fait de travailler à distance. Pour répondre au problème de la fiscalité pour les travailleurs frontaliers, de nouveaux espaces de travail (coworking, télécentres, business center…) pourraient être développés sur le territoire luxembourgeois. Cela permettrait de “limiter la perméabilité des espaces de vie et de travail, tout en réduisant les distances et les temps de trajet (…)“.
Retrouvez le point de vu complets de Sarah Mellouet sur le site de la Fondation IDEA asbl :
Le télétravail : une solution réaliste pour le Luxembourg.
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MelleC
Le télétravail est une solution si nous sommes capables d'assumer et de gérer nos planing et activités de manière totalement indépendante. Ce n'est pas évident et il faut très vite se créer son propre emploi du temps afin de ne pas déborder sur la vie privée ou au contraite, trop se laisser aller à la procranistation.
A l'heure des open spaces, des bouchons, du stress des transports bondés, c'est un bonheur aussi de pouvoir rester une journée chez soi à plonger la tête dans ses rapports et analyses. La tâche devient alors plus douce et plus efficace!
Attention par contre à ne pas couper la communication avec les collègues! Rien ne remplace une bonne vielle réunion en face à face ou un café partagé pour entretenir les liens! Gérer cela avec des mails, c'est plus compliqué...
anum
Avant de trouver des palliatifs, il faudrait s'interroger sur la cause du problème...
La question est la suivante : pourquoi les emplois ne se créent-ils pas du coté français, allemand ou belge de la frontière ?
La solution serait de créer des conditions économiques aussi favorables que celles du Luxembourg dans les zones frontalières.
L'idée n'est pas nouvelle, elle avait été étudiée en 2007 par le gouvernement Fillon mais entérrée suite à la crise de 2008 car relativement coûteuse à court terme pour les finances publiques...
Et puis, il y a aussi un problème de législation du travail à revoir...
du coworking aux villages frontières (coté lux) serait une super idée je trouve