Selon l’étude européenne WEstart, elles y sont même davantage représentées que dans l’entreprise traditionnelle.

Au Luxembourg, depuis une dizaine d’années, l’entreprise sociale et solidaire connaît, elle aussi, un bel essor. Les femmes représentent plus de 70 % de l’emploi dans l’économie sociale. Si les 2/3 d’entre elles y sont salariées, les femmes prennent une part grandissante à la tête de ces entreprises.

Afin d’encourager le développement économique d’un secteur identifié comme un gisement important d’emplois, les autorités publiques mettent progressivement en place les infrastructures appropriées, tout comme les autres pays européens. Sur le plan juridique, les entreprises majoritairement représentées par des asbl, coopératives, fondations, S.à r.l. ou bien établissements d’utilité publique se voient offrir un nouveau statut, celui de Société d’Impact Sociétal (SIS), en vigueur depuis novembre 2016. L’objectif de la loi est de garantir la bonne gestion financière des entreprises sociales et solidaires en leur assurant une meilleure sécurité juridique, un cadre fiscal adapté, un accès aux marchés publics. Elles devront en outre, sous ce statut, obéir aux nouvelles exigences de transparence et de gouvernance.

Dans la foulée, les pouvoirs publics ont créé 6zéro1, le premier incubateur dédié aux entreprises sociales et solidaires afin de soutenir tous celles et ceux qui souhaitent se lancer dans des activités sociales et innovantes. Ce nouvel espace de travail, de conseil et de formation accompagne les entrepreneurs dans leurs démarches juridiques et administratives, le conseil et l’expertise. L’incubateur est aussi la première structure à se constituer en SIS. Depuis 2011, le réseau de coaches, 1,2, 3 Go Social, lancé par la Chambre de Commerce, Luxinnovation et la FEDIL, accompagne également les porteurs de projets dans le domaine de l’économie sociale et solidaire (business plan, coaches, experts).

Face aux préjugés

Espérons que les efforts déployés par les organismes publics à l’heure des budgets revus à la baisse et de la montée des revendications citoyennes encouragent les femmes à se saisir de cette conjoncture pour investir ou continuer de s’investir en tant que chefs d’entreprise dans le travail social et les activités de santé, l’éducation, l’information et la communication, les arts et le spectacle, les loisirs, les activités financières et les assurances.

Inutile de se voiler la face, la vie des entreprises sociales n’est pas un long fleuve tranquille et risque de ne pas l’être pour quelque temps encore. Les questions qui fâchent le plus souvent les femmes sont celles de l’accès au financement et des modes de sélection des fournisseurs par les grandes entreprises. Les bailleurs de fonds, quant à eux, sont toujours aussi réticents à soutenir des projets dans des secteurs d’activité qu’ils ne connaissent pas et qui concernent de petites structures, voire des entreprises en solo dirigées par des femmes.

Les poncifs et les stéréotypes ont la vie dure : les femmes auraient un style de gestion différent, elles seraient aussi plus authentiques, feraient preuve de plus d’empathie, mais cela ne ferait pas d’elles pour autant des business women. Des balivernes, bien entendu. Les femmes entreprennent là où le carcan des préjugés sexistes est le moins pesant, là où elles peuvent trouver un équilibre entre un travail qui les motive, la famille et la maternité. Pour le reste, elles doivent bénéficier de formations et de suivi adaptés.

Martine Borderies

 

(Article publié dans le numéro 82 d’Entreprises Magazine, mars/avril 2017.)

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