Les syndicats LCGB et OGBL ont organisé lundi une conférence de presse commune au sujet du projet de réforme fiscale au Luxembourg.

Durant cette rencontre, les deux syndicats ont relevé les six principaux points à retravailler avant la mise en application de la loi.

Choix a priori et sans visibilité de la classe d’impôt pour résidents et non-résidents

L’un des gros changements de cette réforme, concerne la classe d’impôt pour les contribuables mariés, qui vont devoir choisir entre imposition collective ou individuelle.

Or, pour faire ce choix il faut bien comprendre les différents régimes proposés et leurs conséquences fiscales, ce qui par conséquent, favorise les ménages aisés et les mieux informés pourront plus facilement recourir à une expertise externe.
D’autre part, les syndicats rappellent que personne ne dispose des informations sur les revenus annuels globaux en fin d’exercice, avant l’année en question. D’ailleurs, des changements dans la situation familiale ou professionnelle peuvent aussi intervenir, ce qui changerait totalement la donne.

→ Les deux syndicats proposent que pour l’ensemble des contribuables mariés, le choix de sa classe d’impôt soit réalisée a posteriori, dans le cadre d’une déclaration d’impôt.

Manque d’uniformité dans les classes d’impôt

Autre problème, le droit commun pour les contribuables mariés diverge en fonction de leur lieu de résidence : imposition en classe 2 pour les résidents (sauf demande contraire) et en classe 1 pour les non-résidents (sauf demande contraire).

→ Les syndicats proposent que tous les contribuables mariés soient rangés en classe 2, indifféremment de leur lieu de résidence. Si le contribuable souhaite ensuite passer en classe 1 ou en imposition individuelle, la demande pourrait se faire via déclaration.

Des conditions d’accès à l’imposition collective resserrées et restrictives

Actuellement, les contribuables mariés non-résidents obtiennent la classe 2 si 50 % du revenu professionnel du ménage est imposable au Luxembourg. Si 90 % des revenus sont imposables au Grand-Duché, ils peuvent être assimilés aux résidents, c’est-à-dire bénéficier des possibilités de réductions fiscales.

Or, après la réforme, il faudra atteindre le seuil des 90% des revenus indigènes et étrangers imposables (d’un des membres du ménage) au Luxembourg pour avoir accès à la classe 2 et en même temps être assimilé complètement (et donc, pouvoir accéder à une imposition collective).

Cette condition de 90% risque d’exclure bon nombre de contribuables de la classe d’impôt 2 qui seront alors imposés définitivement en classe 1 tout en étant mariés.

Pour les deux syndicats, les conditions d’octroi de la classe 2 sont donc manifestement plus restrictives pour les non-résidents qui ne doivent remplir aucune condition de seuil pour bénéficier de la classe 2.

→ L’OGBL et le LCGB demandent de supprimer toute condition de seuil (d’assimilation ou d’obtention d’une classe d’impôt) pour les contribuables non-résidents mariés.

Des retraités également fortement touchés

La question du seuil de revenus sera aussi particulièrement pénalisante pour les retraités non-résidents dans la mesure où l’immense majorité d’entre eux a travaillé dans plusieurs pays et perçoit également une pension étrangère. Seule une imposition en classe 1 sera possible à l’avenir si moins de 90% de leur pension provient du Luxembourg.

→ Les syndicats proposent de réévaluer les conditions de seuil et de ranger les retraités mariés en classe 2, comme le sont les retraités résidents mariés.

Des partenaires qui disposent de plus de flexibilité

Les couples mariés en présence d’un enfant à charge ne bénéficieront pas de la classe 1A en cas d’imposition individuelle.

Il en sera de même pour un contribuable marié non résident qui ne parviendrait pas à atteindre le seuil des 90% et à accéder à l’imposition collective en classe 2.

Les couples sous le régime du partenariat légal pourront, quant à eux, bénéficier pour partie de la classe d’impôt 1A en présence d’un enfant à charge, voire être imposés collectivement s’ils en font le choix en fin d’année.

→ Les syndicats proposent de réexaminer cette différence d’approche qui pénalise lourdement certains contribuables mariés.

De possibles conséquences négatives sur le revenu disponible des contribuables résultant de l’application du CIM et du CIS

Les modalités d’application du crédit d’impôt salarial (CIS), du crédit d’impôt pour pensionné (CIP) et du crédit d’impôt monoparental (CIM) restent floues pour les syndicats.

Les nouvelles dispositions font maintenant référence au revenu annuel brut des contribuables pour ouvrir le droit au CIS et au CIP (et au revenu imposable ajusté annuel des contribuables pour le CIM) ainsi que pour déterminer le montant de ces 3 crédits d’impôt.

Or, les questions du niveau des revenus annuels (bruts / imposables ajustés), des revenus étrangers du ménage, de pensions alimentaires, de temps de travail, du nombre d’employeurs sont imprévisibles et des mécanismes resteront nécessaires pour faire face à ces inconnues en fin de l’exercice. Il est primordial d’assurer que le contribuable aura perçu mensuellement le montant garanti par la loi au niveau des différents crédits d’impôts.

→ Les syndicats proposent de clarifier les modalités pratiques d’application qui entourent les nouvelles formules de ces deux crédits d’impôts.

En conclusion, le LCGB et l’OGBL demandent que les mesures dont l’entrée en vigueur est prévue pour 2018, soient retirées du projet et reportées sine die jusqu’à ce qu’une analyse fine de leurs conséquences et d’alternatives limitant les dommages fiscaux collatéraux ait pu être conduite.

Communiqué par l’OGBL et le LCGB