Si certains s’accommodent vite aux exigences qui font écho à la vie de travailleur frontalier, d’autres les subissent. C’est le cas de Cécile, jeune brune aux yeux bleus de 25 ans, qui nous explique d’entrée de jeu : “Je suis arrivée à Luxembourg parce que j’ai toujours vu mes parents y travailler et qu’ils ne m’ont pas vraiment laissé le choix, ni plus ni moins ! Il me fallait gagner de l’argent, et la situation de ce côté là reste plus avantageuse au Luxembourg. C’est la seule raison“.

“Entre 1900€ et 2300€ nets par mois”

Question salaire justement, Cécile indique toucher “Entre 1900€ et 2300€ nets par mois” avant de préciser : “Si je trouvais un travail en France, même payé 300 euros de moins, j’échangerais sans problème. De toute façon, 300 euros, c’est le prix que je dépense en essence chaque mois pour venir travailler“.

“Je suis ici pour payer ma voiture !”

À première vue pourtant, Cécile a tout de la jeune femme épanouie. Mais c’est un certain malaise qui se cache en réalité derrière cette façade de designer florale pleine d’avenir et bien dans ses baskets : “Je me lève à 6 heures, j’arrive sur l’autoroute à 7 heures, juste pour rester coincée dans les bouchons jusque 9 heures”, soupire la jeune femme lorsque l’on en vient à lui parler de sa journée type.

Il serait peu dire que, pour Cécile, la greffe n’a pas pris :”J’arrive tout juste à temps pour l’ouverture, reprend-elle du même ton laconique, après c’est du non-stop jusque 19 heures. Je n’ai pas vraiment de pause, même à midi, il n’est pas rare que je ne prenne pas le temps de manger. Je reprends la route et c’est reparti pour une heure et demi de bouchons. Dans ces conditions, la vie privée, tu ne fais pas une croix dessus mais presque“.

Elle marque une pause et ajoute : “Sincèrement, si je travaille au Luxembourg, c’est uniquement pour une question d’argent. Pas pour le travail, pas pour le rythme, ni pour les gens. J’y suis pour payer ma voiture“.

“Ce n’est pas fait pour moi’”

Émettre ces jugements après une année seulement d’activité à cheval entre les deux pays peut paraître pour le moins prématuré. Quel regard Cécile porte-t-elle sur celles et ceux qui – comme ses parents – suivent cette voie depuis bien plus longtemps ? “J’admire vraiment ceux qui ont réussi à faire toute leur carrière ici, assure-t-elle, car moi je sais que je ne le pourrais pas. C’est trop usant. Je suis déjà fatiguée, pour ne pas dire malade, je travaille dur et je n’ai aucune considération en retour. Je crois que cette vie n’est tout simplement pas faite pour moi“.