Eric*, 27 ans, en couple et parent d’un enfant, réside en France depuis toujours. Depuis 1 mois et demi maintenant, il travaille en tant que paysagiste pour une agence d’intérim au Luxembourg. Un métier qu’il affectionne, mais le statut précaire d’intérimaire l’incite à chercher de meilleures solutions pour travailler dans son domaine de prédilection.

Un salaire net de 1800 € pour une place instable

Ce qui plait à Eric, ce sont les paysages, les jardins, les milieux naturels, être paysagiste lui convient parfaitement. En tant qu’intérimaire, il a « de la chance d’avoir une grande partie de [ses] missions dans [son] domaine professionnel qu’est le paysage et le jardin ». Mais, parfois, être intérimaire est ingrat, il lui arrive pour « compléter [ses] fins de mois », de devoir « réaliser d’autres missions moins glorieuses ». Il cite notamment le jour où il fut envoyé « nettoyer la fonderie d’Arcelor à Esch-sur-Alzette où il fallait décrasser le laminoir ».

Les missions étant très diverses, les horaires varient constamment, « la voiture reste l’idéale car elle laisse une totale autonomie » pour traverser la frontière. S’il a régulièrement affaire aux embouteillages, il affirme « qu’avec un peu de jugeote et d’organisation, [il] survole un peu le problème ». Habitant entre Metz et Thionville, il est surtout préoccupé par sa consommation de carburant.

Comme en France, « l’intérim, il faut le reconnaître, reste précaire et aléatoire ». Eric accorde cependant à son employeur quelques qualités par rapport aux agences d’intérims françaises « je le trouve mieux organisé et plus rapide. Les courriers et les appels sont plus ponctuels en général pour mon cas ».

Aussi, le salaire est nettement plus attrayant : « je travaille 40 h par semaine en moyenne pour un salaire de 1800€ net. En France, pour commencer, j’aurais touché 1200€ net. Ce qui est avantageux c’est la rémunération au Luxembourg et les avantages fiscaux et sociaux. Car les impôts et les charges sont moindres ».

Dans le milieu de l’intérim, il faut savoir s’imposer : « si tu t’efforces à vouloir bosser, que tu montres de la motivation et que les retours des patrons sont bons, ça devient un peu comme une famille où tout le monde te connaît ».

« Ça représente de belles journées »

Paysagiste, ce n’est pas une sinécure ! Cela demande une organisation importante. « La journée d’un jardinier ou d’un paysagiste commence par une préparation du matériel selon la mission à effectuer au dépôt ».

Une fois sur place, « on peut être amené à effectuer des travaux d’entretien d’espaces verts, de plantations, d’engazonnement, de création de petite maçonnerie, de terrasses ou même de système d’irrigation et d’arrosage… ».

Une fois terminé, « il faut encore tout ranger et trier les déchets, qu’ils soient verts ou d’origine diverse… Ça représente de belles journées au final ».

Obtenir un CDI en France, quitte à être payé moins

Eric aime son métier, mais ce qu’il souhaite pour l’avenir, c’est d’avoir une situation professionnelle stable. L’idéal serait pour lui d’obtenir un CDI au Luxembourg, voire même en France. Pour cela, il est prêt à faire quelques concessions : « un CDI en France ? Pourquoi pas ! Si c’est un minimum payé au dessus de 1350€ net » soit 450 € de moins que son salaire actuel.

Il envisage également de passer le concours organisé par le CDG57 (Centre de Gestion de la Fonction Publique Territoriale de la Moselle) afin de devenir technicien des parcs et jardins ou des milieux naturels. Il ne cache pas qu’en tant que fonctionnaire « il y a bien plus d’avantages que dans le privé, et davantage de stabilité ».

Ce qui est sûr pour Eric, c’est qu’il n’habitera jamais au Luxembourg : « car pour claquer toute la différence que je gagne par rapport à la France dans un loyer, ça me fait assez grincer des dents ». Du moment qu’il reste à moins d’une heure de trajet de son travail, être frontalier ne l’indispose pas.

* le prénom a été modifié

A.G.