Si pour beaucoup la situation de frontalier n’a presque plus de secrets, d’autres découvrent encore les joies et les mésaventures d’une vie à cheval entre deux pays.

C’est le cas de Fiona, 23 ans, qui a réussi à décrocher au Luxembourg un stage-clef pour la bonne marche de ses études : “Je suis étudiante en Langues étrangères appliquées parcours anglais/allemand, nous explique la jeune femme. Pour valider ma licence, je dois effectuer un stage d’une durée minimale de huit semaines. A force de recherche et de patience, j’ai réussi à décrocher mon stage à Luxembourg !“.  

Depuis quelques mois, Fiona se glisse donc dans la peau d’une assistante de recrutement pour trois Seniors Recruitment au sein d’un cabinet spécialisé : “Globalement, nous dit-elle, toutes les journées se ressemblent. C’est moi qui arrive la première. Une fois sur place, je commence par encoder tous les CV reçus dans la nuit. Ensuite, en fonction des missions en cours, je recherche des profils de candidats sur différentes cv-thèques. J’en appelle certains pour des entretiens préliminaires, je fais passer des entretiens physiques, et ainsi de suite…“.

Et comme Fiona n’est pas du genre à faire les choses à moitié, elle a saisi l’opportunité de prolonger son stage pour six mois.

“Je ne touche que 500 euros par mois”

Quand on est jeune et étudiant de surcroît, les finances sont un sujet délicat. Si dans l’Hexagone les employeurs sont tenus de rémunérer les stagiaires qui disposent d’une convention de deux mois minimum, la loi luxembourgeoise laisse le champ libre à l’employeur pour décider du montant de la rémunération : “En tant que stagiaire je ne gagne pas grand-chose, je touche un peu moins de 500 euros par mois, explique Fiona, surtout qu’au final le train représente presque un quart de ma paie ! Même si cela n’est pas un énorme pôle de dépense, au vu de tous les soucis qu’il y a constamment sur les voies, ça reste un peu frustrant…“.

Le train, parlons-en justement. Habitant à proximité de Thionville, c’est tout naturellement que Fiona s’est tournée vers le réseau de chemins de fer pour ses allers-retours quotidien : “Paradoxalement, j’aime bien le train. Surtout qu’une fois à Luxembourg-Ville, la gare se trouve à quelques minutes à pieds de mon bureau ! C’est un luxe, surtout que j’évite du même coup le souci des bouchons sur la route…“.

“C’est plus difficile de trouver un stage rémunéré en France !”

Toujours est-il que Fiona, pleine de ressources, semble s’être vite adaptée aux contraintes de la vie de frontalière. Mais aurait-elle préféré un stage en France ? “Non. Je n’ai jamais fait de stage en France, alors c’est assez délicat de comparer, mais en me basant sur mon expérience je peux vous dire qu’il me paraît bien plus difficile d’y trouver un stage rémunéré. Un comble quand on sait que la loi au Luxembourg n’oblige pas l’employeur à payer le stagiaire !“.

Mais l’argent n’est pas la seule raison qui fait préférer à la jeune femme le Grand-Duché à l’Hexagone : “En plus, j’ai beaucoup d’échos de certains amis en France qui me disent ne rien apprendre de leurs stages. Moi, en revanche, je découvre totalement le métier. Mais ça je suppose que ça tient plus de la culture d’entreprise que du pays où elle se trouve“.

“Je ne suis pas assez carriériste pour le Luxembourg”

S’il y en a qui se réjouissent de voir Fiona faire ses premières armes au Luxembourg, ce sont bien ses parents : “Ils sont un peu de la vieille école, précise-t-elle. Mes parents sont vraiment contents que je me fasse de l’expérience ici car, dans leur esprit, le Luxembourg représente encore un certain eldorado…“.

Alors, une fois que Fiona aura son diplôme en poche, pourrons-nous compter une travailleuse frontalière de plus au Luxembourg ? Celle-ci a déjà son petit avis sur la question : “Non, je ne pense pas. Pour la simple et bonne raison que je ne compte pas rester dans la région. Je veux partir, prochainement. Et en y réfléchissant bien, même si je restais, je ne pense pas que je ferais carrière au Luxembourg. Peut-être une année ou deux, mais c’est tout. Je trouve que c’est beaucoup trop anxiogène comme atmosphère. Je ne suis pas assez carriériste pour cela“.