C’est bien connu, le Luxembourg regorge de restaurants. De la gastronomie en passant par les cuisines exotiques, le Grand-Duché offre un large panel d’aventures gustatives pour les amoureux des bons petits plats. Et il arrive que derrière les fourneaux, ce soit un travailleur frontalier qui officie !

C’est le cas de Nicolas, solide gaillard de 41 ans, tombé dans la marmite dès son enfance : “Mes grands-parents cuisinaient beaucoup, mon grand-père passait son temps à jardiner… Ils m’ont transmis tout ça. Du coup, je suis resté dans cette optique là : retrouver dans mes plats ce que l’on peut cueillir, cultiver. C’est une passion en plus d’un métier et c’est ce que j’essaye de faire ressortir dans les assiettes”.

La particularité de notre cuisiner ? “Je suis une représentation vivante de l’ouverture des frontières, résume Nicolas dans un sourire. Français d’origine, j’ai réalisé mes études en France avant d’y travailler, dans plusieurs restaurants. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de me mettre au service d’un traiteur luxembourgeois, proche de la frontière belge. C’est comme ça que je me suis retrouvé en Belgique pour mon lieu de résidence, et au Luxembourg pour mon travail !“.

Entre 2.500 et 3.500 euros par mois

De son propre aveu, Nicolas affirme qu’il aurait pu rester habiter en France. “Mais la Belgique m’a plu, ajoute-t-il. Les gens là-bas sont plus conviviaux, il y a une autre ambiance que dans mon pays d’origine”. Question transport, notre quadragénaire a opté pour le train : “J’habite un petit village à côté d’Arlon, mais je prends le train au Luxembourg car la gare d’Arlon est plus lointaine. J’ai vingt minutes de trajet, ensuite cinq minutes à pieds pour rejoindre le restaurant… C’est l’idéal ! Si je devais prendre la voiture – ce qui arrive parfois, lors des grèves ! – mon quotidien serait différent, même si avec mes horaires ça resterait vivable car je pars avant 7 heures”. 

Avoir un trajet qui ne ressemble pas à un parcours du combattant est un luxe que ce travailleur frontalier sait apprécier à sa juste valeur, mais qu’en est-il du rythme de travail ? “Je commence à 6 heures, nous explique-t-il, et je termine sur le coup de 14/15 heures l’après-midi car le restaurant est fermé le soir ainsi que le week-end. Ce qui m’arrange car je donne aussi des cours de cuisine ! Au final, je gagne entre 2.500 et 3.500 euros par mois”.

“Je me sens plus valorisé ici qu’en France”

Pour Nicolas, le Luxembourg a plusieurs atouts qui facilitent la vie lorsque l’on évolue dans le monde des cuisines : “C’est un petit pays, alors pour se faire connaître dans mon métier, c’est un plus. Dans le restaurant où je travaille actuellement par exemple, nous utilisons des produits bios, on se démarque un peu, et ça se ressent vite. Pour la notoriété, le Luxembourg, c’est plutôt pas mal“.

Mais après avoir fait montre de son talent dans différents pays, Nicolas a-t-il ressenti des différences parmi les gourmets qui viennent lui rendre visite ? “La clientèle luxembourgeoise est peut-être un tantinet plus exigeante, affirme-t-il après quelques secondes de réflexion. Mais des clients exigeants, il y en a partout ! J’ai travaillé dans des gastronomiques, dans des restaurants traditionnels, même dans des sociétés de restauration… toujours est-il que je ressens peut-être un seuil d’exigence plus important au Luxembourg qu’en France”.

Une certitude se dégage de notre entretien : Nicolas est tombé sous le charme du Grand-Duché. “Bien sûr, la rémunération est meilleure ici qu’en France. Au Luxembourg – sans me mettre sur un piédestal – au vue de mon expérience et de mes qualifications, je me sens beaucoup plus valorisé que dans mon pays d’origine. Mais audelà de ça, la vie culturelle du Luxembourg me pousse à y venir pour autre chose que mon travail. J’aime les concerts, je vais parfois même pousser la porte d’une galerie d’art… Tenez, cet après-midi je vais aller au centre-ville, je suis certain de tomber sur une animation ou autre. Mes proches m’estiment chanceux d’être ici… et moi aussi !“.