Excédé par le froid individualisme de la vie métropolitaine, Philippe n’a qu’une seule idée en tête : « Quitter Paris ». Coûte que coûte. « Ce n’est pas le salaire que je cherchais en venant ici ».

Un jour de début de millénaire, au détour d’une discussion anodine avec un collègue, ce dernier lui évoque son expérience grand-ducale. Philippe se convainc alors que, plus qu’un non il n’aura pas. « J’ai envoyé des candidatures spontanées. Par chance, certaines entreprises étaient à la recherche d’informaticiens ». Rendez-vous est donné par deux employeurs, lesquels soumettent leurs conditions à Philippe qui tranche rapidement. « C’est réellement un concours de circonstances. De moi-même, je n’y aurais pas songé ».

Le hasard fait bien les choses et le néo-frontalier savoure un déménagement professionnel aux multiples vertus. En plus d’un rapprochement familial, le quadragénaire apprécie le revirement de ses conditions vitales : « Après plusieurs années à Paris, nous n’avions presque pas d’amis, regrette-t-il. Des liens se sont noués très vite ici ». En prime, sa société lui verse, au moment de la paraphe du premier contrat, entre 600 et 800 euros de plus qu’auparavant : « Ce n’était pas négligeable du tout ». Jackpot !

« Rien n’est exclu à terme »

Aujourd’hui, même « s’il n’a pas de point de comparaison », sa connaissance du marché lui fait constater que l’écart entre émoluments français et luxembourgeois a fondu. Est-ce pour autant qu’il scrute à nouveau les offres hexagonales ? « Rien n’est exclu à terme, avoue Philippe. Ceci dit, quand on est habitué à un certain niveau de vie, c’est très difficile de reculer ». D’autant que sa fille est sur le point d’entamer ses études. « Ce n’est peut-être pas le bon moment. Nous verrons quand il n’y aura plus que ma compagne et moi ».

A ce propos, son activité lui impose des horaires tardives, un retour « entre 18h et 20h » pour une arrivée au bureau avant 7h. « On ne se voit pas trop c’est vrai, mais il faut bien travailler et s’adapter ».

S’adapter aux méthodes d’acheminement d’abord. L’informaticien avait initialement souscrit un abonnement SNCF pendant près d’une décennie avant que l’utilisation de son véhicule sur place ne devienne indispensable.
S’adapter aussi à la mauvaise volonté des chauffeurs de bus qui traîne « une belle réputation, même si c’est avec tout le monde et pas seulement avec les frontaliers ».
S’adapter enfin à son environnement cosmopolite au sein duquel il côtoie en majorité des travailleurs dans sa situation : « Il n’y a pas de problème, avance l’intéressé en abordant le thème des échanges. Au contraire, j’ai entendu que certains luxembourgeois se sont vus interdire la pratique de la langue du pays parce que les autres ne les comprenaient pas. Ce n’est pas normal ». S’adapter il vous dit !