Il y a 16 ans, la France remportait la Coupe du monde de football. C’était en 1998. À cette date, Pierre officiait déjà dans le monde de la restauration, en tant que chef de rang, en France. C’est dix ans plus tard que ce dernier a saisi l’opportunité de continuer sa carrière au Grand-Duché : “Je suis arrivé au Luxembourg grâce à une amie à moi qui travaillait dans un restaurant à Bettembourg, explique-t-il. Elle m’a demandé si je pouvais venir faire quelques extras les dimanches. Comme je ne travaillais pas ces jours là, j’ai accepté. Au bout de quelques mois, l’employeur luxembourgeois m’a proposé de m’embaucher, avec un salaire bien plus élevé que celui que j’avais en France. Je n’ai donc pas hésité longtemps !“. 

2.500 euros bruts par mois

Aujourd’hui, Pierre met ses services à disposition d’un hôtel luxembourgeois : “Je travaille en postes, précise-t-il, de 7h30 à 16h ou alors de 16h à 00h30. Pour un salaire de 2.500 € bruts par mois. Comme j’utilise ma voiture pour travailler et que je fais 140km par jour, il faut compter à peu près 300 € par mois de budget pour les transports. Honnêtement, mes proches me prennent pour Crésus (rires), mais aucun d’entre eux ne seraient prêts à se coltiner la route !“.

Mais Pierre garde un regard lucide sur sa situation : “C’est vrai que mon salaire est plus élevé qu’en France, que j’ai des avantages, comme les allocations familiales pour les enfants, les impôts… Mais pour cela je fais aussi le sacrifice de faire deux heures de route par jour !“. 

“Je peux m’accomplir différemment, me surpasser”

Après sept années à travailler au Luxembourg, force est de constater que Pierre ne regrette toujours pas son choix : “Pour rien au monde je ne reviendrais travailler en France. J’aime le côté cosmopolite de ce pays. On en apprend tous les jours, ici. Pour ma part, j’apprends l’anglais, chose que je n’aurais pas faite en restant sur Metz. La clientèle internationale que je peux rencontrer aujourd’hui me permet de m’accomplir différemment, de me surpasser. J’avais toujours eu envie d’apprendre l’anglais. Mais mon niveau assez faible me bloquait. Mais aujourd’hui, c’est chose faite, et j’en suis ravi !“.

La clientèle luxembourgeoise est plus généreuse

Dans la vie de tous les jours, Pierre est passionné de football, de cinéma, mais aussi de bons vins. Un bon vivant, en somme, qui a vite fait de remarquer que les Luxembourgeois, eux aussi, savent se faire plaisir : “A mes débuts, j’ai très vite noté que la clientèle luxembourgeoise est plus généreuse que la clientèle française. Quand ils vont au restaurant, ils ne regardent pas et aiment se faire plaisir : de l’eau et du vin à toutes les tables !“.

Pour autant, Pierre estime “ne pas voir l’intérêt” d’obtenir la nationalité luxembourgeoise et s’affirme “très heureux d’être français“. Ce qui ne l’empêche pas toutefois de connaître quelques mots en luxembourgeois et de comprendre assez bien la langue de son pays d’accueil !

Mais notre homme, visiblement comblé par sa situation, conseillerait-il pour autant à ses enfants de suivre le même chemin que lui ? “Non, je ne pense pas, répond-il. Je les encourage plutôt à réaliser leurs rêves…“.