Ce n’est un secret pour personne : trouver du travail peut ressembler à un véritable chemin de croix. Romain, 24 ans, estime quant à lui être arrivé “un peu par hasard” au Grand-Duché : “J’ai commencé par faire une fac de droit, explique-t-il, car je souhaitais devenir inspecteur de police. Mais je me suis vite rendu compte que le droit ne me plaisait pas du tout. J’ai donc bifurqué vers un DUT Statistiques et informatique décisionnelles, au hasard“.

Mais parfois, le destin fait bien les choses : “Je recherchais une orientation plutôt basée sur les mathématiques, continue-t-il. Mais comme j’avais loupé les inscriptions, je me suis dirigé vers les DUT au sein desquels je pouvais encore m’inscrire. J’ai ensuite continué sur une licence en alternance… qui plus tard m’aura permis d’obtenir ma place au Luxembourg“. 


2600 euros bruts/mois

Avant d’arriver au Luxembourg, Romain aura connu huit mois de chômage : “La société pour laquelle je travaillais en alternance n’a pas pu me garder. J’ai fini par retrouver du travail en France, un CDD de 3 mois. Pendant ce temps, je préparais le concours de gardien de la paix, que j’ai réussi à obtenir. C’est alors que j’ai eu l’occasion de me diriger vers le Luxembourg : on m’a d’abord proposé un premier CDD de 2 mois, puis un autre de 6 mois et enfin, un CDI, depuis juin 2014, pour 2600 euros bruts par mois“. 


Dès lors, Romain se retrouve confronté à un dilemme : “J’avais deux possibilités : rester et travailler au Luxembourg ou alors partir dans la police. J’ai préféré rester, pour des raisons financières et pratiques car, dans la police, on peut être affecté n’importe où. En gros, je suis allé là où l’on voulait de moi“. 


Un plein d’essence par semaine

Mais, concrètement, être statisticien de production, cela consiste en quoi ? “J’encode les données de production et je sors des rapports détaillés avec les mètres carrés faits, le pourcentage de déchets, la consommation, explique le jeune homme. J’ai des horaires variables à partir du moment où je suis au travail de 09h00 à 12h00 et de 14h00 à 16h00 et que je fais mon quota mensuel“. 


Concernant le transport, notre jeune messin a jeté son dévolu sur la voiture : “J’utilise environ un plein par semaine, soit 50 euros, ce qui me revient à 200/250 euros à la fin de mois. Rajoutez à cela deux entretiens du véhicule par an à cause des kilomètres effectués ainsi que l’obligation de changer de pneus l’hiver au Luxembourg, cela fait une petite somme… Le trajet, on s’y fait vite, mais il faut bien avouer que 2 heures de voiture par jour ça limite les marges de manœuvre pour la vie personnelle“.


“Au début, je ne me voyais pas faire carrière ici”


Quand nous lui demandons ce qu’il n’aime pas au Luxembourg, Romain n’y va pas par quatre chemin et tient un discours qui trouvera à coup sûr écho auprès de ses homologues frontaliers : “Le trajet, bien sûr, mais aussi les 40heures/semaine… Aussi, nous n’avons pas les mêmes jours fériés qu’en France, ce qui est parfois problématique. En revanche, j’aime mon salaire, l’index, et les impôts directement déduits !“.


À 24 ans, on a la vie devant soi. Romain se voit-il construire celle-ci de cette manière ? “Au début, je ne me voyais pas faire toute ma carrière ici, avoue-t-il. Mais maintenant… On va dire que je suis un peu moins formel sur la question. Après, si l’occasion se présente de revenir en France avec le même salaire qu’ici et les impôts déduits, je n’hésiterai quand même pas une seule seconde !“.