Jeudi soir. Alors que la plupart des travailleurs frontaliers rentrent chez eux ou se battent encore avec les bouchons, Stéphanie, elle, prend la route du Grand-Duché pour commencer sa semaine : “C’est drôle de voir les embouteillages vers la France quand moi j’arrive seulement au Luxembourg ! C’est l’un des bons côtés de mon job“.

Stéphanie, 36 ans, maman de deux enfants, travaille à temps partiel comme serveuse au Luxembourg depuis 5 ans maintenant : “J’ai commencé derrière le bar pour payer mon permis de conduire, et je n’ai jamais arrêté !”  Ce métier, Stéphanie l’a choisi :  “A la base, j’ai fais des études de secrétariat, mais j’ai pris goût à ce boulot qui consiste à être payé à faire faire la fête aux gens. Il y a beaucoup de contacts, de rencontres, surtout au Luxembourg, quand on est serveuse. On voit passer des gens de tous milieux, de toutes les origines. La semaine dernière, j’ai même croisé deux Californiens en plein roadtrip. Quand on est frontaliers, vu qu’on habite à côté, on n’a pas vraiment l’impression que le Luxembourg est touristique, mais pourtant beaucoup de gens viennent le visiter !

24 heures/semaines pour 1.200 euros nets

En toute logique, c’est la voiture qu’a choisi notre serveuse pour se rendre au travail : “Avec mes horaires, je suis en décalé par rapport au bouchon, c’est le super bon plan, précise-t-elle. Je travaille trois jours par semaines, jeudi, vendredi et samedi. Le jeudi, j’occupe mon poste de 20h00 à 2h00 du matin, le vendredi de 17h00 à 4h30 et le samedi de 20h00 à 4h30. Ce qui me convient, vu que mes enfants sont chez leur père le week-end, ça me permet de les avoir avec moi toute la semaine. C’est important pour moi : je ne me verrai pas les confier à quelqu’un d’autre pour aller travailler“.

Le budget essence, lui, du coup, est totalement gérable : ”A l’époque, je dépensais plus d’essence quand je travaillais à Metz ! Surtout que maintenant, près de mon lieu de travail, je bénéficie d’un parking à 4 € pour 24 heures. Les autres parkings à Luxembourg sont pour la plupart beaucoup trop cher“.

24 heures de travail donc qui rapporte à Stéphanie 1.200 euros nets par mois : “En France, je gagnerais 1.140 euros pour 35 heures. Il n’y a donc pas photo“. Autre point positif pour cette maman qui élève seule ses deux enfants : les allocations accordées par le Luxembourg : “Chez moi, la CAF m’accorderait 130 euros, pour deux enfants que j’élève seule… Ici, c’est 600“.

5 week-ends de congés par an

Jeudi soir, 20h00, Stéphanie est à son poste, prête à accueillir les fêtards des Rives de Clausen. A son arrivée derrière le bar, certains gestes sont incontournables : “On vérifie d’abord tous les alcools, on coupe les citrons, on prépare la glace, on met en place les bougies, la terrasse quand le temps le permet...” En clair, la fête, c’est un métier, et ça se prépare.

Mais si Stéphanie semble être épanouie dans son travail, il y a parfois certains comportements qui la gêne : “Certains luxembourgeois – une minorité – n’aiment pas vraiment les français. Ils s’obstinent à passer leurs commandes en luxembourgeois alors qu’ils parlent couramment le français !

Mais mise à part ces rares déconvenues linguistiques, Stéphanie aime travailler au Luxembourg : “Même si parfois j’aimerais changer de branche, car ça a quand même certains inconvénients de travailler uniquement les week-ends, je souhaite vraiment rester au Luxembourg“. Les inconvénients de son travail, parlons-en justement : “C’est simple, explique-t-elle, j’ai le droit à 5 week-ends de congés par ans. Mais pour moi, un week-end, c’est une semaine entière de travail ! C’est compliqué si jamais je dois me rendre à un mariage, par exemple“.

“Frontaliers, je vous conseille le Luxembourg”

Dans l’ensemble, Stéphanie est heureuse de sa situation au Grand-Duché, qui lui apporte tous les avantages nécéssaires pour élever au mieux ses deux enfants. Car si celle-ci aime manifestement l’ambiance des nuits luxembourgeoises, elle n’en reste pas moins une maman avant tout : “Plus tard, je conseillerai à mes enfants de se diriger vers le Luxembourg, dit-elle. Pour l’instant ils sont encore un peu petits pour y penser, mais bon. Tout ici est incomparable avec la France, quel que soit le secteur. Ne serait-ce que pour les allocations“.

En conclusion, Stéphanie ajoute encore : “Les frontaliers, je vous conseille le Luxembourg. Si vous en avez l’occasion, ne vous privez pas !

Voilà qui est dit.