Johan, 35 ans, votera utile

Dégoûté par l’affaire Fillon, Johan aurait souhaité qu’Alain Juppé se présente. Mais comme ce dernier a annoncé qu’il ne briguera pas le mandat, l’évolution de la situation l’a donc pris de court. Aussi, pour le moment, il ne sait pas vraiment pour qui il va bien pouvoir voter : “Qu’il soit de droite ou de gauche, aucun des politiciens n’est blanc comme neige”, observe-t-il.

Ma grand-mère ne jure que par le Front National, mais je ne suis pas d’accord”. Peu avant le premier tour, le 23 avril prochain, il prendra sa décision et ira voter en fonction des sondages et des programmes des candidats.

Fred, 47 ans, craint un remake du 21 avril

Fred ne sait pas encore si elle ira voter : “C’est une bonne question. Je suis en train de réfléchir“, admet-elle. “Mais, comme je ne veux absolument pas que le FN passe, je dois donc mettre un bulletin dans l’urne. Ce sera un vote défensif ou préventif“, se résigne-t-elle.

Elle est proche des Verts. Suite au rapprochement de Yannick Jadot – le candidat d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) – avec benoît Hamon, elle pense qu’elle votera pour Jean-Luc Melenchon, comme beaucoup dans sa région d’origine. Native de la banlieue de Forbach et vivant à Longwy, cette fille d’ouvriers a été scandalisée par l’affaire et les révélations qui touchent François Fillon.

Elle voit le risque que le candidat LR se retrouve face à Marine Le Pen au second tour. Elle craint en cela un remake du 21 avril 2002. À cette occasion elle s’était fait violence et avait voté pour Jacques Chirac… contre Jean-Marie Le Pen… Un acte contraire à ses convictions les plus intimes et qui l’avait profondément bouleversée.

Sébastien, 32 ans, se dit inquiet

L’éventualité d’une victoire du Front National préoccupe Sébastien, plus que jamais : “Quand le FN parle de fermer les frontières, et de sortir de la zone euro, c’est inquiétant pour les frontaliers comme moi“, justifie-t-il. “Ces affaires et cette absence de véritable figure politique capable de proposer un programme fort et de faire bloc au Front National, laisse quand même une porte ouverte aux partis extrémistes“, observe-t-il.

Aussi, il trouve la situation actuelle plus que compliquée: “Fillon n’est plus crédible. Il reste Macron et Hamon, Macron a quand même de bonnes idées, mais est-ce que la population va vouloir voter pour lui ? D’autant qu’il n’a pas beaucoup d’expérience politique“, commente-t-il.

Il compte néanmoins aller voter. Mais n’a pas encore arrêté son choix : “Je vais regarder comment les choses évoluent et j’irai voter en fonction“, prévoit-il.

Julie, 42 ans, ne s’y retrouve plus

Originaire d’une cité ouvrière, toute sa famille a toujours voté communiste, comme la plupart des mineurs de la région. “Par tradition, beaucoup votaient à gauche“, précise-t-elle.

Cependant, au gré des derniers scrutins législatifs et municipaux, l’électorat a basculé vers la droite, traditionnelle, voire extrême : “Beaucoup de ces personnes qui votaient communistes ou à gauche ont aujourd’hui disparu. Aujourd’hui, les nouvelles générations ont plutôt tendance à voter pour l’extrême droite“, note-t-elle. Un choix qu’elle comprend d’autant moins que bon nombre travaillent au Luxembourg : “On n’a aucun intérêt en tant que frontalier à voter pour le FN. Je comprends leur ras-le-bol, mais je n’adhère pas à leur intention de vote“, s’indigne-t-elle.

Je ne sais plus du tout trouver un candidat qui soit en phase avec mes opinions et qui réponde à mes attentes“, reproche-t-elle. “J’étais plutôt écologiste, mais ils se sont ralliés au PS. Je ne m’y retrouve pas. Tout comme je ne me retrouve pas avec le revenu universel qui va appauvrir tout le monde“.
Sur cette base, elle votera Mélenchon, le 23 avril prochain. Pour le second tour, le 7 mai, elle se prépare déjà à voter utile : contre le FN, mais aussi contre ses convictions.

Cathy, 27 ans, a peur pour son avenir

Les discours du FN font peur à Cathy : “Si Marine Le Pen passe et réalise ses promesses de fermer les frontières et de sortir de l’euro, on sera mal. Je me demande bien comment je ferai pour aller travailler“, s’inquiète-t-elle. D’autant qu’elle ne sait pas encore pour qui elle ira voter.

Plutôt de gauche, elle trouve que les candidats de gauche et divers gauche n’ont pas de véritable programme fort, ni d’hommes ou de femmes dotés d’une carrure suffisante pour exercer la présidence. Elle est aussi scandalisée par les affaires dans lesquelles la droite et François Fillon sont empêtrés. “Je vais certainement voter pour Mélenchon“, pronostique-t-elle. “Et au second tour, ce sera certainement un vote utile, en espérant que Le Pen ne remporte pas l’élection“.

Myriam, 38 ans est encore peu concernée

Résidente française et auto-entrepreneure au Luxembourg, elle a pour l’instant suivi la campagne présidentielle et les affaires de très loin, étant depuis plusieurs mois accaparée par de gros projets d’affaires. Elle va cependant voter. Mais ne sait pas encore pour qui : “Ce sera certainement Mélenchon”, prévoit-elle, faute de candidats écologistes.

Souvent, elle pense à son père, qui vit dans la région de Montpellier, et aux conséquences sur son quotidien qu’auraient pour lui une victoire de François Fillon ou de Marine Le Pen. “Par tradition familiale, nous avons toujours été de gauche, et je n’ose imaginer ce qui passerait si l’extrême-droite arrivait au pouvoir”, précise-t-elle. Aussi, elle compte beaucoup sur les élections législatives, qui auront lieu dans la foulée, les 11 et 18 juin prochains : avec l’espoir qu’une majorité de gauche soit élue.