La loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) accorde plus de compétences à la Région dans le domaine économique. Philippe Richert, qui était jusqu’alors président du Conseil régional d’Alsace, en a donc fait une priorité lors de la campagne qui l’a mené à la présidence de la nouvelle Grande Région Est.

Elu avec 48,4 % des voix, ce qui lui procure une majorité confortable en termes de conseillers (104 sur 169), il va pouvoir activer son programme, même s’il va lui falloir composer avec la gauche et l’extrême droite.

« L’une de mes priorités est de veiller à simplifier la vie des entrepreneurs en mettant en place, en partenariat avec les acteurs économiques comme les chambres, une agence économique qui soit un guichet unique où toutes les entreprises bénéficient d’un accès à l’information dont elles ont besoin. Une autre priorité est de soigner l’accompagnement en soutenant les filières et les clusters afin de favoriser un écosystème profitable à toutes les entreprises, y compris aux PME et aux TPE. Toujours avec les acteurs économiques, la Région doit également soutenir les entreprises à l’exportation », précise Philippe Richert. Différents nouveaux outils sont évoqués. « Plutôt que d’accorder des subventions qui sont très encadrées et limitées, je suis favorable à la mise en place d’avances remboursables. En Alsace, nous avons créé Alsace Croissance, un fonds d’investissement doté de 50 millions EUR apportés par CM-CIC Capital Finance, Bpifrance Investissement et la Région Alsace à hauteur de 15 %. Ce fonds soutient financièrement les entreprises qui ont des projets en leur accordant non pas une subvention, mais en montant au capital. L’effet de levier est de 1 à 50. Et quand le projet aboutit, nous récupérons notre investissement et la plus-value. Ça marche. Nous pouvons parfaitement imaginer un tel instrument à l’échelon de la nouvelle Grande Région ».

10.000 apprentis de plus

Le dynamisme économique s’appréhende également à l’échelon transfrontalier. Philippe Richert, qui entend favoriser l’apprentissage (l’ambition est de compter 10.000 apprentis de plus d’ici la fin de son mandat), compte notamment travailler en étroite collaboration avec les voisins allemands. « En Allemagne, 60 % des jeunes bénéficient d’une formation duale. Tous les grands patrons allemands sont passés par là et tiennent à former des jeunes, avec bien souvent une embauche à la clé. Ces patrons, notamment dans le Bade-Wurtemberg, ne trouvent pas assez de candidats. Ce sont des opportunités pour nos jeunes. A nous de leur permettre de pouvoir suivre les cours théoriques dans un CFA de notre territoire et de travailler dans une entreprise allemande. Des opportunités, la Sarre ou la Rhénanie-Palatinat en offrent également. Des fonds européens sont disponibles pour soutenir financièrement des projets dans ce domaine. Il y a des emplois, et souvent bien payés, à saisir », précise le patron de la Région.

Au-delà des frontières

Les relations transfrontalières passent également par le Luxembourg et la Belgique. « Près de la moitié des frontières terrestres européennes en France sont chez nous, je crois que c’est 45 % pour être précis. Bien évidemment, c’est une chance. Que ce soit dans le domaine de la formation, de l’enseignement supérieur et de l’économie, les opportunités sont nombreuses. Beaucoup de projets sont initiés, mais il faut aller plus loin encore. On peut et l’on doit encore expérimenter. Comme la Lorraine, l’Alsace entretient de bonnes relations dans l’espace Saar-Lor-Lux. La Région Alsace dispose d’un bâtiment à Bruxelles. Il accueille pour l’heure les représentations de l’Alsace, le Bureau Alsace Europe, la délégation Lorraine-Champagne-Ardenne auprès de l’Union européenne. Le Land de Sarre nous a égale- ment rejoints. Dans notre région, l’Europe est une réalité quotidienne », indique Philippe Richert.

Reste aussi à lui trouver un nom à ce territoire pour qu’il soit identifié. Alca, Acal, Chamalo (on cumule les premières syllabes), Austrasie, Région Grand-Est Europe… Cela se décidera, avec la population (Philippe Richert est un adepte d’une plus grande proximité avec le citoyen) dans les mois à venir. Pour le 1er octobre, la Région Alsace- Champagne-Ardenne-Lorraine devra avoir son nouveau nom.

Fabrice Barbian

 

(Article publié dans le numéro 75 d’Entreprises Magazine, janvier/février 2016.)

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