Les journées des frontaliers sont toujours bien remplies. Employée de banque, Maryline (ndlr le prénom a été modifié) fait le trajet jusqu’au Luxembourg trois fois par semaine. « Je ne travaille qu’à mi-temps, 24 heures par semaine. L’aspect négatif, c’est le temps que tu passes à ton travail. Travailler au Luxembourg, c’est métro, boulot dodo ! Je pars le matin à 7h30 et je rentre le soir à 19h30, ça fait de grosses journées. Il y a des plages horaires fixes, il faut gérer. Le temps de midi est décompté, des fois je mange un truc en vitesse sur le bureau ».

Originaire de la Lorraine, elle n’a connu aucune difficulté pour trouver un emploi au Luxembourg « J’ai commencé à travailler en intérim vers la fin des années 80. surtout pour le salaire, c’était le double voire le triple par rapport à la France. Au bout de six mois j’ai obtenu un CDI. Aujourd’hui, les recrutements se font par CDD, mais il y a quand même de l’embauche ».

Conserver une vie de famille

Maryline est libre de changer de situation quand elle le souhaite. « En tout, j’ai fait quatre banques. A chaque fois je suis partie de ma propre initiative. J’avais trop de responsabilités et je négligeais ma vie de famille. En travaillant à temps partiel, je peux m’occuper de ma fille et planifier mes week-end ».

Néanmoins, les banques luxembourgeoises sont aussi affectées par la conjoncture économique. « La cadence de travail et les mentalités ont complètement changé. Avant les employés avaient le temps de discuter, maintenant on est tous confinés dans notre travail. Les anciens ont gardé l’esprit d’équipe, les jeunes sont plus individualistes. Il y a de plus en plus de cut-off, les tâches sont sectorisées. Certains employés font des burn-out (épuisements professionnels) ».

Être frontalier reste un privilège

Malgré ces contraintes, Maryline souhaite achever sa carrière professionnelle au Grand-Duché « Je compte travailler au Luxembourg jusqu’à ma retraite. Financièrement c’est plus intéressant et les risques du chômage sont beaucoup moins élevés qu’en France. On a vraiment de la chance d’avoir le Luxembourg juste à côté avec tous les moyens de locomotion ».

« Avant j’y allais en voiture, ensuite j’ai pris le train. C’est moins cher, je paye 45 euros par mois et je préserve la nature » ajoute-t-elle en riant. Au final, elle s’estime chanceuse d’être frontalière. « Même si c’est parfois galère, on est conscients d’être privilégiés ».