Depuis 1945, trois partis occupent toute la scène politique du Grand-duché. Sur les huit organisations politiques en place au Luxembourg, les trois premières siègent majoritairement à la Chambre des Députés depuis plus de 60 ans. Les élections anticipées d’octobre 2013 suite à l’affaire des écoutes pourraient changer la donne.

Et justement, à l’approche des élections anticipées d’octobre 2013, nous vous proposons de faire le point sur les différents partis politiques existants au Grand-Duché.

Trois partis majeurs

– Le Parti populaire chrétien social (CSV)

Fondé en 1944 à partir du Parti de la Droite, ce mouvement, d’inspiration démocrate-chrétienne, est un membre fondateur du Parti populaire européen comme l’UMP (France) ou la CDU (Allemagne). Tous les Premiers ministres luxembourgeois sont issus du CSV, à l’exception du démocrate Gaston Thorn entre 1974 et 1979. Hormis cette période, l’omniprésence du parti sur la scène politique (soit seul, soit à travers des coalitions avec le Parti démocrate ou le Parti ouvrier socialiste) confère une certaine stabilité au Luxembourg. Depuis 2009, Michel Wolter préside le parti, tandis que Jean-Claude Juncker dirigeait le gouvernement depuis plus de 18 ans avant la dissolution du gouvernement en juillet 2013. Pro-européen, Juncker a été plusieurs fois Président de l’Eurogroupe. Plus récemment, il soutient l’introduction du mariage homosexuel au Luxembourg.

– Le Parti ouvrier socialiste luxembourgeois (LSAP)

L’équivalent du Parti Socialiste en France. Prônant la social-démocratie, le LSAP est membre du Parti socialiste européen. Créé en 1902, il n’a jamais dirigé le gouvernement du pays, à l’inverse de la plupart des partis socialistes en Europe, participant en revanche à de nombreuses coalitions gouvernementales dont la dernière avec le CSV. Le leader du parti est Jean Asselborm, vice-premier ministre jusqu’au 11 juillet 2013. Le LSAP a depuis retiré son soutien au premier parti luxembourgeois et espère arriver en tête aux législatives d’octobre 2013.

– Le Parti démocratique (DP)

Ses principaux faits d’armes sont l’abolition de la peine de mort et l’autorisation à l’avortement dans une coalition avec le LSAP de 1974 à 1979. Parti centriste aux tendances libérales, il est l’avocat d’une législation sociale et d’un minimum d’implication gouvernementale dans l’économie. Érigé en 1955 pour prendre la succession du Groupe démocratique, il est aussi fortement attaché à l’OTAN. Membre du Parti européen des libéraux, démocrates et réformateurs, ses idées sont proches du FDP allemand ou des libéraux-démocrates britanniques.

Les seconds couteaux

– Les Verts / Déi Gréng

Malgré une certaine popularité, Déi Gréng n’a encore jamais fait partie du gouvernement luxembourgeois. Issu de la grande vague écologique de 1983 dans tous les pays européens, le parti s’oppose à l’énergie nucléaire et promeut des mesures de protection de l’environnement. Cinquième force à la Chambre des Députés, il condamne la politique militaire du Luxembourg comme l’armement nucléaire et son appartenance à l’OTAN. Sur les autres sujets sociétaux, les écologistes recommandent une réforme écologique des impôts ainsi qu’une refonte de la sécurité sociale et des pensions. Une volonté d’ouverture est menée pour permettre la participation politique des immigrants.

– Le Parti réformiste d’alternative démocratique (ADR)

Il se pose désormais comme un parti conservateur généraliste. À sa création, en 1987, le mouvement existe sous le nom : Comité d’action « Des retraites de 5/6èmes pour tous » et milite pour l’égalité des retraites entre fonctionnaires et salariés. Après avoir obtenu gain de cause, l’ADR poursuit une position ancrée à droite, eurosceptique, tout en s’opposant à la double nationalité et à l’euthanasie. Ses députés veulent imposer l’apprentissage du luxembourgeois aux étrangers demandant la naturalisation. Au niveau européen, le groupe appartient à l’Alliance pour l’Europe des Nations.

– La Gauche / Déi Lénk

Membre du Parti de la gauche européenne comme le Parti communiste français, Déi Lénk détient actuellement un siège au parlement et est donc le plus petit parti à y être représenté. Créée en 1999, ce mouvement prend ainsi le relais et la place du Parti communiste luxembourgeois. Les grandes lignes du parti dirigé par Serge Urbany, pour les prochaines élections sont sont le contrôle des institutions, la hausse du salaire minimum ou le droit de vote à partir de 16 ans.

Les partis en retrait

– Le Parti communiste luxembourgeois (KPL)

C’est l’un des plus anciens partis politiques du Luxembourg. Édifié en 1901 à Niederkorn, le KPL récoltait de 10 à 18% des suffrages. Depuis 1994, le parti ne possède plus aucun député au parlement luxembourgeois. Certains de ses membres étaient co-fondateurs de Déi Lénk en 1999 et les deux partis ont formé des listes communes aux législatives de la même année. Des différends sont apparus entre les deux mouvements. Depuis les élections de 2004, ils présentent des listes séparées.

– La Liste des citoyens

Elle n’a obtenu que 0,8% des suffrages en 2009. Présent dans seulement deux circonscriptions, le parti a été dirigé au Nord par Jean Ersfeld (ancien président du Parti Libre, mouvement nationaliste de droite). L’augmentation des droits de pension est l’un des principaux combats politiques des membres de la Liste des citoyens. Pour le reste, le parti se veut en totale opposition avec les trois principaux partis politiques.

– Le Parti Pirate luxembourgeois

De même que ses homologues européens, le Parti Pirate luxembourgeois axe son programme sur la démocratie citoyenne et numérique. Il milite pour protéger les droits civiques, améliorer la protection des données et réclame le libre accès à l’information et à l’éducation. La popularité du mouvement reste relative mais grandissante. Grâce notamment à Jerry Weyer, vice-président et co-fondateur du groupe politique, également haut dirigeant du Parti Pirate International. Les législatives automnales représentent une opportunité pour les pirates afin d’obtenir ses premiers députés.

– Le Parti pour une démocratie (PID)

Le plus jeune parti du Luxembourg. Etabli en 2013 par l’ancien membre de l’ADR et toujours député Jean Colombera, le PID préconise une politique consacrée aux individus de la rue. S’appuyant sur une conception holistique (doctrine considérant les éléments comme un tout absolu et non comme des entités compartimentées), il veut réformer simultanément l’éducation, la santé, l’économie, l’emploi etc… Sa naissance a suscité des polémiques parmi les émigrés portugais qui voient le nom du parti comme une référence au PIDE, la police politique du pays sous Salazar (ancien chef de gouvernement totalitaire).