Vive le manque de main d’œuvre au Grand-Duché ! En tous cas, l’actuelle pénurie de bras et de talents constitue une “aubaine” pour les sans-emplois inscrits à l’ADEM depuis plus d’une année. En effet, c’est vers ce vivier que les recruteurs se penchent plus volontiers pour leurs embauches.

Tel est le constat fait par le ministère du Travail luxembourgeois : « Depuis janvier 2021, le nombre de chômeurs de longue durée baisse. Depuis avril 2022, il diminue même plus vite que le nombre de demandeurs d’emploi ».

Mais pas question de fanfaronner victoire. Primo, car le nombre d’hommes et femmes privés d’emploi depuis un an et plus reste conséquent. De l’ordre de 6 200 inscrits (sur les 14.600 demandeurs d’emplois suivis par l’ADEM en novembre dernier).

Formation et estime de soi

Secundo, à regarder la tendance sur les 15 dernières années, force est de constater que la progression du chômage longue durée est plus forte que celle du chômage “normal” : x 2,2 dans le premier cas, contre x 1,6 dans le second.

Tertio, prendre en charge un chômeur coûte aux finances publiques. Réduire la durée d’inactivité professionnelle revient donc à faire des économies à l’Etat.

Aussi le ministère du Travail vient-il de lancer une étude pour déterminer le profil des salariés devenant chômeur longue durée. Avec ce premier constat : «Les demandeurs d’emploi issu d’un emploi de longue durée ont un risque plus grand de connaître un chômage qui se prolonge ».

Inadaptation capacités / nouveaux postes

Pour les experts du Réseau d’études sur le travail et l’emploi au Luxembourg, il s’agit là d’un résultat « contre intuitif ». Ainsi, aurait-on pu penser qu’un salarié ayant connu une carrière longue chez un employeur avait de meilleures chances de rebondir rapidement ; ce n’est pas la majorité des cas.

Source : Adem

Mais devant ce constat, les analystes ont trouvé diverses explications. D’abord, une personne en poste depuis longtemps a peut-être moins “rafraîchi” ses connaissances et ses pratiques professionnelles.

Une manque de formation continue qui peut faire naître une inadéquation entre les compétences de l’ex-salariée et le caractère digital ou numérique des nouveaux emplois proposés.

Ensuite, habitué à un certain cadre, ce type de demandeur d’emploi (généralement de plus de 45 ans) s’avèrerait moins flexible à se fondre dans une nouvelle organisation, à un nouveau poste.

Enfin, celui qui a connu une carrière sur la durée dans une entreprise a une certaine idée de sa “valeur”. Il ou elle serait donc moins porté vers des emplois à la rémunération moindre ou aux conditions sociales plus basses que par le passé.

Sur ce dernier point, l’aide au réemploi proposée par l’ADEM permet de compenser en partie la perte salariale que peut engendrer, parfois, la signature d’un nouveau contrat. Sans oublier les coups de pouce financiers dont peuvent disposer les sociétés recrutant un candidat au chômage depuis plus de douze mois.

Désormais alertés sur ces particularités “à risque”, l’ADEM se montrera plus vigilante sur les profils s’inscrivant comme demandeur d’emploi. Cela permettra d’adapter la prise en charge de ces actifs pouvant, parfois, retarder leur sortie du dispositif d’accompagnement de l’Agence.

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