Il est une étude lancée par le ministère du Travail qui est fort attendue. Celle qui concerne l’impact d’une (éventuelle) réduction du temps de travail hebdomadaire au Luxembourg. Attendue par les 474.000 salariés du pays, les syndicats et le patronat.

En tous cas, pour le ministre du Travail, pas question d’éluder la question. Georges Engel l’a redit en début de semaine, aux vœux de la Chambre des salariés : « Je veux mener la discussion, toute la discussion ».

Ainsi, à la veille des élections législatives, voilà un pavé lancé dans la mare. Pavé social et politique qui va faire des vagues. Car si le ministre LSAP s’affirme « pour des semaines plus courtes », nul doute que chaque parti va devoir prendre position sur ce point crucial pour l’économie du pays.

Rendre le marché du travail plus attractif

Avec flegme, Georges Engel n’en dit pas plus. Juste qu’il a missionné l’étude selon l’axe avantages/inconvénients. Mais déjà, dans ses propos, filtre son opinion : « Ce serait un moyen de rendre le marché du travail plus attractif, au-delà du seul avantage salarial. Ce dernier ne suffit plus ».

Et de dérouler aussi : moins d’heures de travail par semaine c’est garantir une meilleure santé pour la population, un meilleur équilibre familial, moins de stress dû aux déséquilibres vie professionnelle/vie privée, etc.

Depuis plusieurs mois, la problématique agite les esprits. Les pétitions publiques se multiplient. L'une réclamant le passage aux 35 h/hebdo, l'autre la semaine de 4 jours à 9h . Bref, les 40 heures de travail/semaine en place depuis 1974 vacillent.

Du côté, OGBL et LCGB, on se frotte les mains : des années que les syndicats réclament cette réduction du temps de travail. Estimant notamment que la digitalisation a permis des gains de productivité qui doivent se répercuter sur le niveau d'occupation des employés.

Côté patronal, la pilule est bien plus difficile à avaler. En témoigne le récent message posté par le directeur de l'Union des entreprises luxembourgeoises (UEL). Jean-Paul Olinger estimant que l'annonce n'est qu'un « bonbon électoral ».

Où trouver les travailleurs et qui va les payer ?

Mais, au delà du tacle, le représentant des chefs d'entreprises argumente. Et de signaler : « Réduire le temps de travail de 10%, par exemple (de 40 à 36h) pour 500.000 personnes au Luxembourg signifie 50.000 travailleurs de plus à trouver pour atteindre le même niveau de production. Où les trouver ? ».

Pénurie de main d'œuvre, transports saturés, manque de logements sont déjà une réalité qui freinerait cette réforme.

Second point développé par l'UEL : qui payera la note ?

Le salarié travaillant moins perdrait-il 10% de revenus en compensation de la réduction de son temps de travail? L'Etat a-t-il les moyens d'octroyer une prime pour compenser cette possible baisse des salaires mensuels ? Les employeurs devraient-ils ouvrir un porte-monnaie déjà soumis aux contraintes des index ou de la hausse du salaire minimum ?

Les interrogations ont le mérite de recentrer le débat. Pour Jean-Paul Olinger, en tous cas, passer aux 36 h hebdomadaires actuellement n'est qu'une « proposition à première vue alléchante mais dangereuse ». A qui le tour de donner son avis ?

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