Qui sait ? Peut-être le Grand-Duché du proche avenir ne sera plus celui d’hier et d’aujourd’hui. Tout laisse à penser que de grands bouleversements sont en cours, à en croire la dernière note de l’Agence d’Urbanisme et de Développement Durable de Lorraine Nord (Agape).

L’évolution démographique de la main d’œuvre frontalière, dont le pays est ultra dépendant, pourrait impacter significativement l’économie luxembourgeoise d’ici 2035. Autant dire demain.

Autant de travailleurs en moins en Rhénanie que d’habitants au Luxembourg

L’Agape s’est en effet livrée à une interprétation des estimations démographiques des pays de la Grande Région. L’Allemagne, ce n’est pas une nouveauté, emprunte toujours la pente descendante en ce qui concerne son taux de natalité.

Rien ne présage à un renversement de vapeur dans le futur immédiat. Le vieillissement de la population allemande entraîne dans son sillage un abaissement du nombre de personnes en âge de travailler.

Si bien que l’actuel territoire moteur de la Grande Région, la Rhénanie-Palatinat, enregistrera une baisse de sa population totale de 152.800 habitants et de 485.400 travailleurs potentiels.

Pour rendre compte de l’ampleur du chiffre, il correspond à presque la totalité des citoyens luxembourgeois. La Wallonie deviendra alors l’entité territoriale la plus peuplée de la Grande Région.

Le constat est tout aussi inquiétant en ce qui concerne l’autre fournisseur de main d’œuvre allemand, la Sarre. -115.000 individus susceptibles d’exercer un métier d’ici 2035 soit une baisse de 23,6 % par rapport à 2014.

Croissance positive mais non suffisante au Luxembourg

Sur le territoire national, le solde restera nettement positif. Le Grand-Duché devrait compter 675 300 habitants dans 17 ans soit 56.200 personnes en âge de travailler supplémentaires.

Heureusement, certes, mais loin d’être suffisant pour suivre le rythme de la croissance de l’emploi puisqu’entre 110.000 et 178.000 postes devraient être crées sur la période étudiée.

L’espoir, ou plutôt l’équilibre entre l’offre et la demande, reposera plus que jamais sur le vivier des voisins.

La Wallonie devrait bénéficier de 33.500 bras de plus, pas un chiffre super réjouissant même s’il demeure positif. La seule ex-Lorraine, en revanche, verra, sa réserve en main d’œuvre fondre de 155.400 personnes soit 10 % de moins qu’en 2014. A l’échelle du Grand Est, la baisse équivaut à 207.000 personnes soit « seulement » 5,8 %.

70 % des futurs frontaliers seraient français

En somme, c’est bien à la France que le Luxembourg fera les yeux doux pour subvenir à ses besoins en effectifs. Les contingents allemands et belges sont respectivement amenés à diminuer et à se stabiliser.

Sur les 72.000 à 132.000 frontaliers supplémentaires attendus d’ici 2035, 70 % arriverait de l’Hexagone, portant la contribution française au pays à 150.000 salariés. Les bassins de population les plus pourvoyeurs seraient alors répartis comme suit :

  • Les travailleurs du secteur de Thionville constitueraient 12 % de la hausse des frontaliers français ;
  • Ceux du secteur de Metz y contribueraient pour 11 % ;
  • Ceux du secteur de Longwy à hauteur de 10 % ;
  • Les nouveaux arrivants Arlonais représenteraient quant à eux 14 % des nouveaux effectifs belges.

Tout le défi du Grand-Duché sera alors de continuer à séduire le réservoir de ses trois voisins et en particulier celui de la France. Compte tenu du « papy-boom » à l’œuvre, l’Allemagne devra elle aussi venir piocher sur l’autre berge de la Moselle.

Si la place est vouée à un rayonnement croissant, sa capacité d’attractivité passera inévitablement par une amélioration des conditions de mobilité. Et les aménagements devront être mis en œuvre et opérationnels rapidement puisque, encore une fois, 2035 c’est demain.

Pour consulter le rapport détaillé et complet.