Au regard de l’évolution technologique, tout indique que le télétravail tend à devenir une pratique répandue dans le futur. Pour l’heure, s’il se retrouve sur les lèvres d’un nombre croissant de salariés, il est loin d’être une généralité.

Pour preuve, au Grand-Duché, une étude menée par le Dr. Laeticia Hauret du Liser en 2013, a démontré que 88 % des personnes interrogées avaient déclaré ne pas avoir l’opportunité de télétravailler.

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Pour la moitié d’entre eux, l’obstacle relevait de la nature de l’emploi (52%). Pour les autres (36%), l’impossibilité résultait d’une direction qui ne leur permettait pas.

« Crainte de perdre le contrôle sur le temps de travail »

L’enquête du Dr. Hauret est intéressante en ce que, contrairement aux nombreuses études sur le phénomène qui se sont focalisées sur le type de population qui travaille, elle s’attarde sur les déterminants de la tendance.

Et le constat de l’auteure est qu’encore de trop nombreux freins existent pour envisager une réelle démocratisation du télétravail.

Elle relève que les entreprises ont des réticences concernant notamment « la crainte de perdre le contrôle sur le temps de travail, la nécessité de repenser le mode de management ou de développer la sécurité du système informatique, etc. »

En somme, « la pratique du télétravail est donc davantage une question d’opportunité : les obstacles à l’adoption du télétravail se situent plus du côté des caractéristiques de l’emploi et des pratiques des entreprises que du salarié », souligne-t-elle dans son rapport.

« Un management basé sur la confiance »

En outre, le Dr. Hauret avance deux pistes pour y remédier.

  • Une digitalisation plus profonde, les technologies disponibles permettant d’augmenter le nombre d’emplois pour lesquels la pratique est possible ;
  • Une évolution, presque une refonte des pratiques managériales. Des principes rois que sont le présentiel et le contrôle, il faudrait tendre vers un management basé sur la confiance et la réalisation d’objectifs.

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Autre barrage au développement du télétravail, non mentionné dans l’étude, l’appareil législatif. Peut-être une harmonisation de la loi, entre les pays frontaliers notamment, serait-elle opportune.

A l’heure actuelle, les navetteurs français sont autorisés à prester 29 jours par an depuis leur domicile, les Allemands 19.

Concernant la Belgique, un accord a vraisemblablement été trouvé entre les deux pays pour faire passer le total de 24 à 48 jours.

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Enfin, la spécialiste conclut par une différenciation entre télétravail et satisfaction du travail.

Si cette façon d’exercer fait disparaître certaines contraintes (le trajet par exemple), elle n’est pourtant pas sans « risque ». Isolement et « travail en débordement », c’est-à-dire en dehors des heures normales de travail, font partie des dangers.