En juin, le ministre-président de la Wallonie, Elio Di Rupo, s’était rendu au Luxembourg pour une visite de travail : ” Je suis favorable au passage de 24 à 48 jours pour la limite imposée aux frontaliers chaque année“. Pour un frontalier belge travaillant au Grand-Duché, c’était l’espoir d’environ un jour de travail par semaine à son domicile (une limite maximale imposée par l’OCDE).

“De 48 jours demandés à 34 jours”

Deux mois plus tard, les 48 jours ne semblent plus du tout à l’ordre du jour. Les Premiers ministres Xavier Bettel et Alexander de Croo se sont réunis ce mardi 31 août au Conseil de l’Europe à Luxembourg pour aborder ce thème. Le couperet est tombé. A partir de l’année 2022, un travailleur transfrontalier pourra exercer son activité pendant une période de 34 jours, en dehors de l’Etat d’activité habituel, tout en restant imposable dans cet Etat, soit 10 jours de plus qu’actuellement.

Dans les rangs des frontaliers belges, même si cette annonce est une première avancée, cette décision est loin de la requête demandée depuis 2019, date à laquelle la problématique des jours de télétravail était au coeur des discussions entre les deux pays : “Nous sommes loin du compte” peut-on lire sur nos réseaux sociaux. “Quelle déception !” “Et donc on parle de 48 jours pendant des semaines et au final…on aboutit à ça” commentent encore des internautes sous notre article de mardi 31 août. “Nous avions demandé le double” s’exaspère un autre salarié belge.

Le télétravail a-t-il vraiment que du bon ?

Et si un doute subsistait sur les bienfaits du télétravail. Le cabinet HR Research Associate chez Securex en Belgique a récemment publié une étude sur la perception du retour au boulot qui marque la vie “d’avant”. “Près de 2 travailleurs sur 5 (38 %) déclarent aussi être plus distraits au bureau que lorsqu’ils travaillent à domicile. Enfin, autant de travailleurs (40 %) indiquent qu’ils exécutent habituellement plus d’heures à la maison qu’au bureau mais qu’ils parviennent néanmoins à accomplir plus de tâches à domicile (42 %).”

Les mêmes règles pour tout le monde

De son côté, l’OGBL approuve cette avancée mais “espère que cet accord sera bientôt suivi d’accords équivalents avec la France et l’Allemagne, et rappelle sa revendication d’une harmonisation des trois seuils à la hausse. Ceci afin d’assurer que les mêmes règles s’appliquent à tous les salariés travaillant au Luxembourg, indépendamment de leur pays de résidence!” précise-t-on dans le communiqué de presse.

Les frontaliers pas logés à la même enseigne

Les accords entre la Belgique et le Luxembourg étant désormais signés, il reste maintenant le cas des frontaliers français et allemands. Pour rappel, les Allemands bénéficient de 19 jours de télétravail et les Français, 29 jours. Pour l’imposition, elle est maintenue à 100% au Luxembourg si ces seuils ne sont pas dépassés.

Avec la crise sanitaire, les nouvelles organisations de travail instaurées dans les entreprises ont mis en lumière tous les avantages de ce nouveau mode de fonctionnement. Elles ont dû se réinventer. Elles ont franchi le cap. Soyons clair, le distanciel a laissé place au présentiel. Et visiblement, ça marche.

“93,2% sont heureux de télétravailler”

La rédaction avait réalisé plusieurs sondages sur le télétravail auprès des frontaliers. Les résultats du dernier questionnaire étaient sans appel : 93,2% des sondés étaient heureux de télétravailler, sans précision du nombre de jours. A la question : les accords entre les pays concernant le télétravail doivent-ils être renégociés ? 91,7% s’étaient prononcés en faveur d’une renégociation. Enfin, la semaine idéale pour ces milliers de frontaliers restent la semaine de 3 jours de distanciel et 2 jours de présentiel.

Officiellement, la fin du télétravail au Luxembourg pour les 200 000 frontaliers est normalement prévu le 30 septembre prochain.

Dans ce contexte, et pour être juste, il semblerait “inenvisageable” que des décisions ne soient pas prises pour les frontaliers français et allemands. Pourquoi un pays et pas les autres ? Quand le gouvernement au Luxembourg renégociera les accords avec ces deux pays ?

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