Charles, 54 ans, diplômé d’un B.E.P est travailleur frontalier depuis 31 ans en tant qu’agent de nettoyage. Il habite dans la région Thionvilloise et considère comme une chance de travailler au Luxembourg.

Sa vie professionnelle a basculé, il y a quelques années, suite à une chute d’un escabeau. Un accident du travail : « qui a détruit ma vie professionnelle et personnelle » Hospitalisation, de longs mois en arrêt… Maintenant, il se bat, tous les jours, pour survivre.

Peu diplômé, 2.600 euros par mois

Lesfrontaliers.lu : quel est votre salaire après autant d’années au Luxembourg ?
Charles : je gagne 2.600 euros net par mois. Je vous le dis franchement, c’est deux fois plus que mes collègues en France. Je suis peu diplômé mais le Luxembourg m’a donné ma chance.

Je ne reconnais plus rien au Luxembourg

Lesfrontaliers.lu : qu’est-ce qui a changé au Luxembourg ?
Charles : parfois, je ne reconnais plus rien. La ville s’est transformée et s’est embellie. Les bâtiments ont poussé comme des champignons. Et les salariés étrangers, dont je fais partie, sont arrivés en masse. C’est positif.

En revanche, il n’y avait pas autant de monde sur la route. Ce fut pour moi un véritable bouleversement. Le temps que je mets pour venir travailler a quasi doublé. Cela démontre finalement que le Grand-Duché évolue… dans le bon sens !

Fracture des deux bras au travail

Lesfrontaliers.lu : après votre accident de travail, pourquoi vous battez-vous pour survivre ?
Charles : oui, c’est vrai. J’ai chuté d’un escabeau et je me suis fracturé les deux bras. Bilan : 35 implants métalliques fixés dans mon bras gauche et 20 autres, dans mon bras droit. Je suis resté onze mois à la maison.

Ensuite, j’ai été déclaré en invalidé partielle. Je continue à travailler pour mon entreprise, car j’ai été reclassé, mais je galère tous les mois pour “joindre les deux bouts“. Mon employeur me paie 50% seulement de mon salaire. Je dois me battre, tous les mois, avec l’administration luxembourgeoise, pour récupérer l’autre partie.

Quand les factures tombent en début de mois, j’avoue que je n’ai pas souvent l’argent pour les payer. Après 31 ans de travail, je dois encore me battre pour vivre dignement.

Des démarches administratives compliquées

Lesfrontaliers.lu : quel enseignement en avez-vous tiré ?
Charles : sur le plan administratif, je souhaiterais soulever une idée qui me tient à coeur. Je pense que l’employeur devrait verser un salaire complet au salarié invalide. Et ensuite, celui-ci devrait se faire rembourser par l’administration luxembourgeoise. Je ne devrais pas faire autant de démarches pour compléter mon salaire. Ca devrait être plus simple.

En revanche, je le répète souvent mais je ne quitterais le Luxembourg, pour rien au monde. Je suis redevable auprès d’un pays qui m’a tant apporté.

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