Avec la libre circulation des personnes, la prise en charge des personnes sans emploi est devenu une problématique européenne.

Chaque jour, des centaines de milliers de travailleurs français franchissent les frontières suisse, espagnole, belge, allemande et luxembourgeoise pour y exercer une activité salariée.

Le système qui prévaut jusqu’alors, quand une personne dans cette situation se retrouve sans emploi, veut que l’indemnisation de celle-ci revienne au pays de résidence.

Or, les discussions supranationales portent sur un changement de système. La prise en charge des frontaliers se retrouvant au chômage par le pays d’activité est évoquée.

Le dossier a même, un temps, au début de l’année, été en instance d’être entériné. Craignant l’afflux massif d’allocataires, dans le cas du Luxembourg en l’occurrence, des pays ont alors bloqué la ratification de l’accord informel trouvé au Parlement européen.

Aux côtés du Grand-Duché, des pays comme la Belgique et l’Allemagne ont notamment mis leur veto, reportant de fait, l’instruction sine die.

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Mais qui doit donc légitimement indemniser le chômeur frontalier ? La question a été posée sur lesfrontaliers.lu, via un sondage mis en ligne début août.

« Au-delà de toutes considérations économiques »

Parmi les 1.469 votants recensés au moment de l’exploitation des réponses, 61,8 % avaient la France pour pays de résidence, 26,3 % la Belgique, 10 % le Luxembourg et 1,9 % l’Allemagne.

Dans leur grande majorité (86,3%), les sondés se sont prononcés en faveur de la proposition émise par l’Union européenne.

Les partisans d’une transformation du système d’indemnisation, pour qui un choix de réponses multiples avait été permis, avancent ainsi, globalement, l’argument de la « cohérence ».

89 % d’entre eux pensent « qu’au-delà de toutes considérations économiques, [ils trouveraient] normal que le pays pour lequel [ils travaillent et font] fonctionner l’économie finance [leur] chômage. »

Il est largement plus plébiscité que l’argument « économique ». Un quart des sondés (25,4%) se montre en effet favorable à une évolution au motif que l’indemnité luxembourgeoise, certes plus limitée dans le temps, est plus élevée que dans leur pays de résidence.

Le frein du déplacement

Pour ce qui est des opposants à une réforme, qui ont eux-aussi eu la possibilité de donner plusieurs réponses, le bilan est plus nuancé.

D’abord, près de la moitié (46,3%) s’imaginent mal faire le déplacement jusqu’au Grand-Duché pour répondre à une convocation.

Ensuite, 31,8 % juge justement la période d’indemnisation luxembourgeoise, étalée sur douze mois maximum, trop courte.

Enfin, un autre tiers s’inquiète du capharnaüm que créerait l’enregistrement des « de 26.000 à 30.000 personnes » supplémentaires dans les fichiers de l’Adem, selon les estimations de l’ex-ministre du Travail grand-ducal, Nicolas Schmit.

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