Christophe, 37 ans, vit à Libramont en Belgique. Après une expérience professionnelle de cinq ans à Namur, il a décidé, il y a 12 ans, de franchir la frontière.

Il exerce la profession d’Helpdesk dans le domaine informatique pour le compte d’une société luxembourgeoise. Récemment divorcé, il s’est sorti d’affaire grâce à un niveau de vie supérieur à la moyenne : « J’ai pu racheter ma maison à mon ex-épouse et payer mes crédits. Je remercie tous les jours le Luxembourg. Je suis re-marié depuis et papa d’un enfant. Et je continue de vivre bien. »

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Carte essence et voiture, un avantage de 700 euros par mois

Lesfrontaliers.lu : est-ce que le salaire est plus avantageux qu’en Belgique ?
Christophe : J’ai débuté ma carrière avec 2.500 euros brut par mois dans mon pays. Il me restait pour vivre exactement 1.400 euros net par mois. Cinq ans plus tard, j’ai décidé de lancer ma carrière professionnelle au Luxembourg, je gagnais à l’époque 2.500 euros brut par mois. Impôts payés, j’avais gagné 2.100 euros net. On n’est pas dans une même logique économique entre la Belgique et le Luxembourg.

Cela fait 12 ans que je travaille au Grand-Duché. Aujourd’hui, je gagne 3.600 euros brut par mois. Je bénéficie d’avantages tels que les tickets restaurant, une carte essence, une voiture de fonction, un téléphone et l’aide de la CAE pour mon enfant. J’avais calculé que l’essence et la voiture représentaient une économie pour moi de 700 euros par mois. Une somme que je pourrais finalement rajouter à mon salaire. Honnêtement, je ne retournerai jamais travailler en Belgique.

Il suffirait de décaler d’une heure, les horaires de travail

Lesfrontaliers.lu : que diriez-vous de la qualité des moyens de transport au Luxembourg ?
Christophe : Depuis plus de deux ans, les infrastructures routières et les aménagements ferrés ont beaucoup évolué. Pas suffisamment vite pour les usagers, certes, mais ça bouge. Je fais 80 km par jour en 1h10 pour me rendre sur mon lieu de travail. Je ne me plains pas quand je vois que mes collègues français qui mettent parfois 1h20 pour seulement 45 km. J’habite plus loin, je fais plus de kilomètres mais je mets moins de temps.

Cela fait longtemps maintenant que je travaille au Luxembourg. Je ne comprends pas pourquoi les employeurs ne font pas venir les salariés en horaires décalés. Tout le monde commence à 8h. Forcément ça bouchonne dans les trains et sur les routes. Même constat pour le retour, tout le monde part vers 18h.

Profiter des frontières pour faire des affaires

Lesfrontaliers.lu : ça veut dire quoi pour vous être un frontalier ?
Christophe (Il rit) : En résumé, je peux acheter des cigarettes à bon marché au Luxembourg, mes appareils électroménagers en Allemagne, mes sodas en France car ils ne sont pas aussi taxés qu’en Belgique. Et je fais mes autres courses en Belgique. Pas mal comme vie de frontalier, non ?

Les français ont du mal à s’adapter aux coutumes

Lesfrontaliers.lu : qu’est-ce qui vous a marqué ? Avez-vous une anecdote ?
Christophe : Lorsque j’ai commencé ma carrière au Luxembourg, j’ai eu la chance d’intégrer un groupe qui vendait de l’électronique. Mon employeur nous a formés à la langue luxembourgeoise avec des collègues français. Le jour de l’ouverture du magasin, un client luxembourgeois a demandé un renseignement à un employé français. Celui-ci a rétorqué « Je vous répondrai si vous me parlez en français ». Ça m’a choqué !

Le minimum quand on travaille dans un pays étranger, c’est de s’adapter un minimum à la langue mais aussi aux habitudes.

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