Il y a bien eu quelques tergiversations au départ. Quitter le cocon familial, sa zone de confort “alors que je suis très famille, au début ça ne m’emballait pas trop.” D’un autre côté, l’à peine diplômé de l’époque avait déjà manifesté le besoin de changer d’air.

La société qui l’emploie dans la quatrième ville du Plat pays tangue dangereusement. Quelques mois après son embauche, le navire prend l’eau.

Le capitaine du bateau à la dérive propose alors à l’équipage de naviguer jusqu’au Grand-Duché. Dip décide finalement de faire le grand saut.

Le train ? “Trop de stress”

C’était il y a une dizaine d’année. Le jeune homme a sorti les rames pour s’intégrer à la vie luxembourgeoise et à la houle de sa capitale. En privé, il rencontre sa compagne avec laquelle il s’installe près de Virton. “Cela représentait beaucoup de changements dans ma vie”, se souvient l’intéressé.

Pour s’arrimer au lieu de travail, il s’essaye d’abord au rail. “Je n’ai pas tenu longtemps, souffle-t-il. Je devais me garer à la frontière, prendre le train puis le bus. J’avais des horaires assez flexibles et la ponctualité aléatoire sur les lignes n’étaient pas compatibles.”

Trop de stress, trop d’énervement “à attendre 30 min le prochain train”, il se tourne vers la route. Rares sont les jours où la mer est calme. D’une heure quinze en moyenne, la durée du voyage pouvait grimper jusqu’à deux heures quand le flot de véhicules était trop abondant.

“Je n’évoluais plus”

Ces vagues sont loin d’avoir raison de celui qui a suivi un cursus de designer informatique, une skills qui lui a “permis de mettre le pied à l’étrier.” Une formation en développement web enrichit son CV et lui confère un profil recherché.

Un jour, alors qu’il procède régulièrement à une mise à jour de ses compétences sur les réseaux sociaux, un employeur lui fait les yeux doux. Bingo ! “J’en avais un peu marre de ce que je faisais, je n’évoluais plus et cela devenait de moins en moins intéressant.”

“1.000 à 1.500 euros nets de différence”

L’heure est désormais à l’épanouissement dans un environnement qui lui sied parfaitement. “Je m’amuse vraiment bien, j’ai à disposition tout ce dont je peux rêver, notamment en termes de matériel.”

Dip fait d’une pierre deux coups puisqu’il se rapproche du domicile, si bien que les trajets avoisinent les 40-45 min, “une durée tout à fait acceptable”, avec très peu de ralentissements.

Quand il compare son salaire à celui de ses amis belges, qui jouissent de la même expérience, il mesure le contraste. “La différence est de l’ordre de 1.000 voire 1.500 euros nets par mois.” Un fossé. “Personne ne pourrait m’offrir pareilles conditions en Belgique, j’en suis persuadé.”

Un éventuel retour auprès des siens ? “Ça ne me traverse même l’esprit.” D’autant que le marché de l’IT au Grand-Duché est en plein boom et qu’un informaticien qualifié “trouve facilement du travail. Je reçois encore trois ou quatre demandes par semaine”, compte le trentenaire.

“Je connais les mots de politesse”

L’offre est tellement prolifique qu’aucune compétence linguistique ne lui a jamais été demandée, si ce n’est une assez bonne maîtrise de l’anglais. “On code en anglais alors c’est normal. Mais on n’est rarement en contact direct avec les clients donc le luxembourgeois n’est pas vraiment nécessaire.”

Ce n’est pas pour autant que le frontalier ne s’est pas astreint à une courte formation en Lëtzebuergesch le temps de midi. “Je connais les mots de politesse mais je suis parfaitement incapable de tenir une conversation”, sourit-il.

Dans quelques mois, il célèbrera sa dixième année au Luxembourg. Un commentaire à l’approche de cet anniversaire ? “C’est vraiment super.” Dip, comme un poisson dans l’eau.