Nadia et Laetitia sont frontalières. Elles vivent toutes les deux en France et travaillent à temps plein au Luxembourg depuis une dizaine d’années. Si les deux femmes ont deux vies bien différentes, elles ont un point commun : elles prennent toutes les deux des cours du soir.
Or, être frontalière, travailler 40h/semaines et suivre 3h de cours à peu près chaque soir, n’est pas toujours une mince affaire ! Les deux amies, qui se sont rencontrées pendant leur formation nous racontent…

Une formation qui “va nous permettre de devenir Cadre”

Pour Nadia, célibataire et chargée de clientèle dans le milieu bancaire, la démarche était personnelle : “C’est un accomplissement pour moi, pour acquérir de nouvelles connaissances” et pour peut-être pouvoir monter en grade dans l’entreprise, explique la jeune femme de 37 ans. Pour Laetitia, maman de 36 ans, c’est l’inverse : “Mon employeur m’a donné l’opportunité d’évoluer dans la société, et pour ça il m’a dit de reprendre des études“. Une occasion qu’elle n’a pas voulu laisser passer pour pouvoir progresser.

Dans les deux cas, la formation est en partie prise en charge par l’employeur, dans le cadre du budget formation de l’entreprise, à condition bien sûr d’obtenir le diplôme. Et puis, “c’est aussi un plus pour l’employeur, relève Laetitia, puisqu’un salarié qui a déjà une certaine expérience va acquérir un niveau supérieur, c’est une valeur ajoutée pour la société”.

Quatre cours de 3 heures par semaine

La formation qu’elles suivent dure 18 mois et compte environ 540 heures de cours : “il s’agit d’un Bachelor en Management (ndlr : l’équivalent d’une Licence Sciences de Gestion en France) réalisé avec la Chambre des Salariés au Luxembourg et l’Université de Lorraine”, détaille Nadia. “On compte une moyenne de quatre cours de 3 heures par semaine, complète Laetitia. En général, c’est à partir de 17h30-18h, jusqu’à 20h30 – 21h et parfois le samedi en journée ou en demi-journée“.

“On est limite des extra-terrestres pour eux”

Côté rythme, la conciliation vie professionnelle, cours et vie privée n’est pas toujours évidente. Il faut être flexible. C’est d’ailleurs pour cela que Nadia et Laetitia viennent en voiture : “Ce sont de longues journées, avoue Laetitia qui habite entre Thionville et Metz. Entre le moment où je pars de chez moi et le moment où je rentre, si je ne dépose pas ma fille à l’école, je pars à 7h30 le matin et repars du Luxembourg à 21h. Ça me fait quand même arriver chez moi à presque 22h !“.
D’ailleurs, dans le groupe, les gens qui habitent à Lux ne s’imaginent pas travailler, suivre des cours faire encore la route ensuite : “Ils ne comprennent pas, on est limite des extra-terrestres pour eux“, plaisante Nadia.

La motivation, c’est la clef !

Au début, ça a été difficile de trouver le rythme. Déjà parce qu’on est plus dans un cursus scolaire depuis un certain temps et après, c’est de l’organisation. Heureusement, j’ai la chance d’avoir un mari qui aide énormément à la maison et puis j’ai mes parents qui habitent juste à côté s’il y a besoin de garder ma fille !“.

Pour Nadia, si sa vie privée est moins contraignante, le rythme reste tout de même bien soutenu : “on se dit que c’est pour 18 mois, alors autant le prendre dans la joie et la bonne humeur, dit-elle philosophe. La motivation c’est la clef pour ce genre de formation. J’ai adopté une certaine cadence maintenant, je suis toujours à 200 à l’heure et je ne vois pas le temps passer ! Tout est une question de volonté et c’est largement faisable, même quant on est frontalier“.

Intensif, mais sympa !

C’est intense, sourient les deux jeunes femmes, mais ça répond vraiment aux besoins du marché actuel. C’est vraiment pluridisciplinaire avec des matières comme du marketing, de la négociation, du droit, des ressources humaines, de la comptabilité, de l’anglais, … et avec ce Bachelor, on peut intégrer des postes de cadres dans la gestion d’entreprise. Pour celui qui ne sait pas dans quoi s’orienter c’est la Licence que je conseillerai, parce qu’on touche à tout, on voit de tout. C’est vraiment enrichissant“.

Pour ce qui est de l’ambiance, les deux frontalières ont été agréablement surprises : “On est actuellement une promotion de 10 personnes ! On s’est rencontré dans le cadre de ces cours, précise Laetitia en jetant un coup d’oeil à complice à Nadia. C’est un groupe sympa et forcément on créé plus de liens avec certaines personnes, surtout qu’on est les deux seules frontalières du groupe, ça rapproche“.

Une véritable “bouffée d’air frais”

Finalement, avec une bonne organisation et un peu de recul (les deux frontalières en sont à leur 16e mois de formation), Laetitia prend la situation différemment : “Ça a été ma bouffée d’air frais. Si au 1er semestre ça a été difficile de trouver l’équilibre entre vie professionnelle et études, moi ça m’a fait du bien de partir du bureau et de voir d’autres personnes. On a pas les mêmes relation. On est pas en compétition. On essaye de s’entraider comme on peut“.

En conclusion, suivre des cours du soir quand on est frontalier, c’est tout à fait faisable. Il suffit de s’organiser et de rester motivé. Et en retour, on gagne en compétence, grimpe dans la hiérarchie de sa société et surtout, on fait de nouvelles rencontres !