Il n’en revient toujours pas. « A part les deux-trois jours de neige, franchement il fait beau ici ! ». Il faut dire que le Sudiste, habitué à la douceur de la Canebière, s’imaginait les pires envolées climatiques en investissant le Nord-Est.

Originaire de Marseille, il a déjà eu tout loisir, il est vrai, de s’acclimater à l’atmosphère nancéienne. C’est dans la grisaille de la capitale des ducs de Lorraine qu’il a entamé son cursus universitaire et qu’il complètera son Bac + 5 dans la branche commerciale d’ici un an.

« Un ami m’a conseillé d’essayer »

C’est une histoire de hasard un peu, d’opportunité surtout qui a mené le Phocéen sur les terres grand-ducales. Une rencontre fortuite, alors qu’il poursuivait un stage dans la capitale française, l’a mis sur les rails. « C’est un ami avec lequel je travaillais à Paris. Nous sommes restés en contact après cet intermède. Il a trouvé un poste au Luxembourg et il m’a conseillé d’essayer. »

Flo’ y voit alors une aubaine : celle de faire ses gammes sur le marché d’une place financière majeure. « Ne serait-ce que pour le CV mais aussi en termes de débouchés, il y a du bon à prendre », se justifie-t-il.

Cela tombe bien, il doit compléter une autre période de stage et la société de son compère parisien a validé son profil. Il s’y engage pour quelques mois en tant que chef de projet pour tout ce qui touche au marketing et à l’innovation dans les cryptomonnaies. « C’est une start-up, tout le monde met les mains dans le cambouis. »

« J’étais focus sur l’argent »

Et le jeune homme s’y éclate. « J’arrive à 8h30 et à 18h je suis encore au bureau. Mais j’aime ce que je fais. Ici, j’ai la banane. »

Un leitmotiv qui tranche, de son propre aveu, avec son précédent état d’esprit. « A Paris, j’étais vraiment focus sur l’argent, l’argent, l’argent… » Et ce n’est pas pour lui déplaire.

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A tel point que sa perte en revenu n’engendre pas les pieds de plomb. « Certes, je bossais pour le compte d’une banque à Paris où les émoluments grimpent vite. Mais en signant ici, j’ai perdu près de 1.000 euros de salaire. Mais je l’ai voulu. Au moins je me concentre sur une activité qui me botte. » Seule une bonne maîtrise de l’anglais constituait une condition préalable à l’embauche compte tenu de l’internationalisation des activités de sa boîte.

Il apprécie, en outre, l’environnement luxembourgeois, aux antipodes du tumulte francilien. « Ici, c’est propre, c’est hyper calme, les cigarettes sont moins chères…(rires). »

« Les transports ? C’est galère »

Il s’est dégoté une colocation quasiment à la frontière, « un dortoir », à un tarif ambivalent. « 500 euros, pour ce que j’ai, c’est cher et pas cher à la fois. Pour le Lux’, ce n’est rien, pour la France oui. Et compte tenu de l’équipement du bien, je me dis que le prix n’est pas non plus injustifié. »

C’est en revanche au niveau du déplacement vers son lieu de travail que le bât blesse, pour celui qui n’a pas de véhicule ici. « Franchement, ça c’est galère. C’est à même pas dix minutes en voiture et en bus, cela me prend près d’une heure. Ce n’est pas tant les retards, c’est surtout l’attente des correspondances qui est longue. » Depuis que la ligne de train a été restaurée, le vingtenaire profite toutefois d’une nette amélioration.

Quant à savoir s’il s’imagine au Grand-Duché sur le long terme, le frontalier laisse la place à l’imprévisible. « Si un projet m’intéresse, pourquoi pas. Je retournerai quoiqu’il arrive, tôt ou tard, à Marseille. »