Le 1er juin, les bars, les cafés, les restaurants et les hôtels devraient rouvrir. C’est ce que le gouvernement luxembourgeois a prévu dans sa phase 3 du déconfinement progressif du Luxembourg. C’est une date très attendue par l’Horesca et son secrétaire général François Keopp.

A la tête de la fédération depuis dix ans, il se félicite de cette décision même si elle est, pour certains commerçants, un peu redoutée. Il y a un avant et un après confinement ! Nouvelles normes de sécurité, réglementations drastiques aux entrées des restaurants, la vie dans les commerces va complètement changer pour les clients. Le virus circule encore, il ne s’agit pas de baisser la garde.

Continuer à vivre sans argent…

La rédaction : comment vos petites entreprises adhérentes ont-elles géré la crise sanitaire ?
François Koepp : il faut savoir que l’arrêt de l’activité a été décidé début mars. Cela fera donc plus de deux mois maintenant. Près de 17 000 salariés ont été mis au chômage partiel sans compter les demandes de congés pour raisons familiales. Les entreprises ont dû faire face à un manque de trésorerie, les plongeant dans l’inquiétude et le désespoir. Nous pouvons dire que notre secteur était à l’arrêt complet.

Pour ces chefs d’entreprises, il a fallu continuer à payer des loyers parfois exorbitants, assumer les factures d’électricité et les emprunts… La première semaine du confinement, nous avons reçu près de 5 000 appels et 12 000 mails de nos professionnels démontrant à quel point la peur était grande.

Les aides financières ne sont pas suffisantes

La rédaction : est-ce que les mesures du gouvernement ont été suffisantes pour répondre à vos requêtes ?


François Koepp : nous pouvons et nous devons nous féliciter des actions menées par le gouvernement. Mais ce n’est pas encore suffisant. Les aides financières, même si elles sont nombreuses, ne comblent pas la dette des petites entreprises qui souffrent.

C’est une goutte d’eau dans une crise économique sans précédent et le gouvernement en a conscience en proposant régulièrement de nouvelles aides remboursables ou pas. Je dirai que dans le contexte dramatique dans lequel se trouvent les 2 445 petites entreprises (plus 300 – hors Horesca) du pays, il faut agir vite et les soutenir dans le redémarrage de l’activité. C’est une priorité absolue.

Allégement des charges patronales

La rédaction : l’allégement des charges patronales, est-ce une bonne idée pour vous ?
François Koepp : en plus des aides, il aurait fallu supprimer les charges patronales pour les commerces , c’est la seule idée valable dans ce plan de relance des entreprises. Pour le moment, les charges continuent d’être payées par les petites entreprises.

La vie d’avant dans les cafés, c’est bien fini

La rédaction : le 1er juin, c’est la réouverture des commerces, comment vous êtes-vous préparé ?
François Koepp : nous allons lancé une grande compagne de communication pour que les consommateurs retournent chez les commerçants sans crainte. Nous avons édité un guide de recommandations à toutes nos entreprises afin qu’elles puissent appliquer les mesures sanitaires.

Nous abordons notamment dans ce fascicule, l’espacement entre les tables, la mise en place de gel hydroalcoolique à l’entrée des restaurants ou des cafés, l’hygiène des toilettes dans les établissements, la possibilité de mettre les plats sous cloche, etc. Nous avons revu aussi les consignes concernant le service à table.

Ne plus consommer avidement des produits à bas coût

La rédaction : que garderont les clients de cette période de confinement ?
François Koepp : je suis inquiet et pessimiste sur le sujet mais je pense pas grand chose. Les habitudes reprendront parce que le consommateur a faim. Mais j’espère que dans les achats frénétiques de produits à bas prix de l’Asie, toutes les personnes prendront conscience que c’est tout un pan de notre économie locale qu’elles détruisent. Manger local est presque un art de vivre que nous devons tous garder en tête.

Fabriquer en Europe pour ne plus dépendre des autres pays

La rédaction : qu’est-ce qui vous a marqué dans cette crise sanitaire ?
François Koepp : je suis dans le métier depuis que j’ai 15 ans. Je regrette le manque de soutien de l’Europe face à la difficulté de nos commerçants. Je crois que nous devons impérativement remettre sur la table des négociations le fait que l’Europe s’appauvrit de ses entreprises au détriment par exemple des pays asiatiques. Nous devons arrêter ce massacre et reprendre en main notre destin. Et cette crise sanitaire, nous a montré le chemin de l’Europe…

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