Le hasard fait parfois bien les choses. Alors assistant de direction dans une société administrative, le jeune homme postule à une offre publiée par une agence de travail temporaire.

Hallelujah, quelques jours plus tard, le téléphone sonne. Au bout du fil, le patron de l’agence. “Je peux vous envoyer des informations complémentaires“, indique alors Gilbert. “Non, en fait, je veux vous proposer un poste.” 

« En France, on n’est pas aussi généreux »

Le tout jeune diplômé d’un DUT de commerce se montre aussi étonné qu’enthousiaste. “Je voulais absolument travailler dans le commerce. Mon premier job était une manière de mettre un pied au Luxembourg.” 

Marché conclu, avec un contrat alléchant à la clé. “J’ai eu droit à une voiture de fonction, une carte essence et des chèques repas.Avantages en nature et matériels similaires à ceux proposés dans l’Hexagone certes, “mais les employeurs en France ne sont pas aussi généreux aussi vite.” 

D’autant que les émoluments d’un agent commercial sont plutôt aléatoires et fluctuent en fonction des commissions découlant des accords passés avec les clients. Ceci dit, “sur mon salaire minimum fixe, je suis à 300 ou 400 euros de plus qu’en France.

Perspectives d’évolution supérieures

A tout cela, Gilbert y avait déjà songé depuis belle lurette. Au moment des études, il s’attèle déjà à tisser un réseau relationnel local dans l’optique de faire ses gammes au Grand-Duché. Et pas seulement pour le revenu.

D’abord, parce que s’implanter en région parisienne ne l’intéresse pas et que ses proches vivent dans la région.

Ensuite, les perspectives d’évolution dans son métier, plus attractives selon l’intéressé, et l’ancrage transfrontalier constituent des atouts majeurs. “De nombreuses grandes entreprises ont leur siège au Luxembourg. Les marchés sont très axés sur l’Europe.” 

Ajouté à cela, la mentalité luxembourgeoise, “plus directe” lui sied bien, tout comme la plus grande propension des employeurs à faire confiance aux jeunes, quel que soit le niveau d’expérience. “Que j’ai 20 ans ou 40 ans importe peu, tant que j’ai les compétences.” 

« Tant qu’on est jeune… »

Comme il bénéficie d’un véhicule de service, la question de l’alternative ferroviaire ne s’est pas posée. “Que j’attende sur le quai ou dans les bouchons, c’est du pareil au même, compare le frontalier. J’en ai plus ou moins pour une heure. Je ne m’en sors pas mal.” 

Son itinéraire varie au gré des ralentissements renseignés chaque matin par son GPS. Relativiste, l’automobiliste ne rechigne pas. “On ne peut pas non plus être gagnant sur tous les points. Le trafic, c’est quelque chose dont on a conscience avant de venir travailler ici. Tant qu’on est jeune… ” L’idée, à terme, est tout de même d’emménager à proximité de la frontière.

Objectif Lëtzebuergesch

Bien taillé dans son costume, Gilbert s’épanouit dans sa vie professionnelle. Entouré de collègues francophones, il souhaite se donner les moyens de faire une carrière grand-ducale.

A peine arrivé dans sa société, il demande à suivre, tôt ou tard, une formation de luxembourgeois. Pas indispensable mais opportune pour celui qui maîtrise l’allemand et souhaite pleinement s’intégrer. “C’est toujours bien vu de converser et surtout de négocier dans la langue locale, même si les réflexions sont très rares.” 

Rien ou presque à jeter donc pour celui qui s’est très tôt “converti” au système luxembourgeois. Et de conclure. “Mis à part si je reçois une offre de folie, je n’ai aucune raison d’aller voir ailleurs.” Parole de fidèle.