Isabelle Schlesser, qu’est-ce que les frontaliers peuvent attendre de l’Adem ?

Les frontaliers qui le souhaitent peuvent venir s’inscrire chez nous. Ce n’est pas obligatoire, mais ils peuvent le faire à titre complémentaire. Il n’est pas nécessaire d’être chômeur.

Toutefois, ces derniers doivent s’enregistrer comme demandeurs d’emploi dans leur pays de résidence, pour pouvoir bénéficier des indemnités de chômage dans leur pays. Concrètement, les frontaliers bénéficient d’un accompagnement de nos services : un accès aux offres d’emplois, aux événements, aux formations dédiées à des profils spécialisés.

Je pense que quelqu’un qui souhaite travailler au Luxembourg a tout intérêt à venir voir ce qu’il peut obtenir de nos services. Cependant, contrairement aux autres services publics de l’emploi de la Grande Région, nous attachons beaucoup d’importance aux rendez-vous physiques avec le conseiller professionnel.

Au moins une fois par mois, et c’est quelque chose que les frontaliers doivent savoir, ils seront invités à un entretien avec ce dernier, dans une de nos agences.
 

“Les frontaliers ressortissants européens peuvent s’inscrire à l’Adem”

Quelles conditions doivent remplir les frontaliers pour s’inscrire auprès de l’Adem ?

Chaque personne qui recherche un emploi au Luxembourg, peu importe son lieu de résidence dans l’Union européenne, a le droit de s’inscrire chez nous comme demandeur d’emploi.

La seule condition : elle doit avoir le droit de travailler au Grand-Duché. Donc les citoyens extra-européens ont besoin d’un permis de travail.

Par conséquent, les frontaliers ressortissants européens peuvent s’inscrire à l’Adem., peu importe s’ils ont déjà travaillé au Luxembourg, qu’ils soient en activité ou enregistrés comme chômeurs auprès de leurs services publics de l’emploi…
 

“Deux bureaux dédiés à l’inscription et au suivi des frontaliers”

L’Adem compte deux bureaux dédiés aux frontaliers, à Luxembourg-Ville et à Esch-Belval. Quelles sont leurs attributions ?

Ces deux bureaux sont chargés des inscriptions et du suivi des demandeurs d’emploi frontaliers, à savoir des personnes qui résident hors du Luxembourg, mais recherchent un emploi au Luxembourg. Les résidents français viennent plutôt s’inscrire auprès du bureau d’Esch-Belval, tandis que les Belges ou les Allemands viendront plutôt s’enregistrer auprès de celui de Luxembourg-Ville.

Comment fonctionne le versement des indemnités de chômage aux chômeurs frontaliers ?

Le salarié frontalier, qui a perdu son emploi au Luxembourg, devra d’abord s’inscrire dans l’agence pour l’emploi de son pays de résidence. Les indemnités de chômage lui seront alors versées par cette agence, selon les règles du pays.

Cette agence enverra alors une ‘facture’ au ministère luxembourgeois du Travail. Celle-ci contiendra les trois premiers mois d’indemnités de chômage que ce chômeur a perçues. Ensuite, le Luxembourg remboursera ces sommes à l’agence pour l’emploi.
 

L’agence Adem d’Esch-Belval compte un bureau dédié aux frontaliers.

 

“Avec Pôle Emploi, nous effectuons régulièrement des recrutements en commun”

Au niveau de la Grande-Région, existe-t-il une coopération entre les agences nationales pour l’emploi ?

Les agences nationales pour l’emploi de la Grande Région organisent régulièrement des événements conjoints. Qu’il s’agisse de recrutement et/ou d’informations sur les métiers, les secteurs et les entreprises. Ceci également dans le cadre de la coopération EURES. Ces événements se déroulent alternativement, en France, en Belgique et en Allemagne.

Le Luxembourg est un marché de l’emploi spécifique ; les entreprises recherchent énormément de main-d’œuvre. Aussi, les recrutements de l’Adem s’effectuent très souvent en coopération avec les autres agences de la Grande Région, qui nous envoient les profils que nous recherchons.

Avec Pôle Emploi, nous effectuons régulièrement des recrutements en commun : pour Sodexo ou Luxtram notamment. Pour ces deux clients, 50% des candidats venaient de Pôle Emploi et 50% de l’Adem. C’est une situation gagnant-gagnant pour tout le monde.

De nouveaux centres commerciaux s’ouvrent ou vont s’ouvrir. Des enseignes prévoient de s’y installer. Elles auront besoin de main d’œuvre… Est-ce que l’Adem travaille proactivement au recrutement ? Si oui, comment ?

L’Adem est membre d’une commission chargée des investissements au Luxembourg. Quand une grande surface compte par exemple ouvrir des magasins au Grand-Duché, nous sommes immédiatement informés : sur le type de commerce, le nombre d’emplois créés…

Par ailleurs, nous travaillons de manière quotidienne avec les grandes entreprises basées au Luxembourg ; elles nous communiquent leurs projets et leurs besoins en effectifs. Et, à partir de ces informations, nous commençons à organiser des ateliers de recrutement très en amont de l’ouverture des magasins, des ateliers ou des bureaux. Car tout ce volet formations doit être également réalisé, afin que les équipes soient prêtes le jour J.

Actuellement, des grands projets industriels sont en cours. Et là aussi, nous sommes en discussion avec ces investisseurs étrangers, qui comptent s’installer au Luxembourg. Nous devons connaître les profils recherchés, pour pouvoir ensuite leur en proposer. Toutes ces entreprises ont besoin de personnel local, administratif ou technique, et c’est le type de candidats que l’Adem peut parfaitement mettre en avant.
 

“Eviter que les gens passent par la case chômage”

Avec le Brexit, des grands groupes financiers notamment pourraient venir s’installer au Luxembourg. Comment l’Adem s’y prépare ?

L’Adem ne travaille pas spécifiquement sur la thématique du Brexit. Par contre nous nous préparons activement aux bouleversements, qui toucheront la Place financière luxembourgeoise dans les prochaines années.

Car nous savons que la Place financière, tout comme le reste de l’économie sera très fortement impactée par la digitalisation et la robotisation. Nous savons que des métiers disparaîtront, ou du moins changeront en profondeur. Et que de nouveaux métiers vont se créer.

Nous observons les tendances et les événements. Nous sommes activement impliqués dans ces discussions. Nous sommes à l’écoute des besoins futurs en termes d’emplois et de compétences. Et nous sommes en train de réfléchir à de nouveaux systèmes de formation, pour éviter que les gens passent par la case chômage.

En d’autres termes, nous devons organiser ces transitions professionnelles et surtout organiser tous les besoins en formation au numérique, notamment. C’est dans cette optique que nous suivons l’évolution du pays et de la Place financière. Aussi, comparé à ces autres chantiers, le Brexit à proprement parler, n’est actuellement pas une priorité pour l’Adem.”

Source photos : Adem