Il n’avait pas fait de plan sur la comète ni manifesté aucun arrivisme. Sa seule préoccupation post-universitaire à l’époque ? « Trouver un boulot, ou que ce soit. » DUT en poche, désireux d’étoffer son bagage académique, il se dirige vers une licence professionnelle (Bac +3) en alternance, option relation client. Le moment où il entre « dans l’engrenage. »

Son cursus lui imposant un stage pour validation des acquis, il profite d’une connaissance au Grand-Duché pour mettre le pied à l’étrier dans une société spéculant sur les noms de domaine sur le web. « En théorie, trouver un stage au Luxembourg est assez compliqué pour des raisons juridiques. Mais la boîte a trouvé la parade en m’offrant un CDD à mi-temps », relate le Mosellan.

L’expérience est convaincante pour les deux parties qui vont poursuivre leur collaboration. Officiellement diplômé, il enchaîne deux contrats à durée déterminée avant de décrocher un CDI. C’était il y a un peu plus de six ans.

Près de 2.500 euros hors primes

Depuis, Jean-Luc, un quart de siècle au compteur, a vogué vers d’autres cieux. Alors qu’il ne voit plus très bien son cap à bord de son premier bâtiment, il accoste une agence de recrutement. « Je ne voulais pas quitter mon travail sans avoir trouvé autre chose. Dans mon premier emploi, J’avais fait le tour et je n’avais pas de perspective d’évolution, justifie-t-il. Ici, l’activité est beaucoup plus stable. »

Après plusieurs entretiens, il est engagé par son entreprise actuelle, spécialisée dans le marketing digitale. Il y mène sa barque depuis près de deux ans au sein d’un pôle affairé dans la publication sur internet et le marketing digital. Ici comme précédemment, l’apprentissage du luxembourgeois ne s’est pas avéré nécessaire.

Lire : Sylvain, ex-frontalier : « Pour tout l’or du monde, je ne reviendrai pas au Luxembourg. »

N’ayant de fait connu que le marché du travail grand-ducal, l’idée ne lui a même pas effleuré l’esprit de prospecter dans sa France natale au moment de lever les voiles. « Une fois que l’on a connu la paye luxembourgeoise, c’est difficile de revenir en arrière. J’aurais pleuré en voyant les grilles de salaires françaises. » Actuellement, sa rémunération oscille autour de 2.500 euros nets hors primes.

C’est aussi grâce à ce revenu luxembourgeois, plus conséquent qu’un français à poste équivalent, que le jeune homme a pu acquérir son appartement, à quelques encablures de la frontière.

« Je suis encore frais comme un gardon »

De son domicile, il a la chance de pouvoir rallier une gare à proximité. La voiture reste le plus souvent au garage, hormis au cours des vacances estivales où il met son abonnement en suspens. « On ne nous respecte pas au niveau des retards, souffle-t-il néanmoins. C’est presque systématique et en plus on n’est pas toujours bien informé. Mais bon, c’est la solution la plus économique. »
Il compte grosso modo une heure quand le trafic ferroviaire est fluide pour rejoindre son lieu de travail, un peu en périphérie de la capitale.

A cet égard, si d’aucuns finissent par ne plus supporter le rythme éreintant du quotidien de frontalier, lui se posera la question de sa qualité de vie le moment venu. « Je suis encore jeune, frais comme un gardon, je tiens le coup. C’est sûr que c’est un choix de vie. Peut-être qu’un jour je ferai en sorte de réduire mon temps de travail ou de trouver une autre alternative. »

Autrement dit, n’est pas venu le jour où Jean-Luc naviguera sous pavillon français.