Au Luxembourg, mon salaire avait doublé par rapport à la Belgique.

En 1999, je suis entré chez Editus comme commercial. J’y suis resté 6 ans. C’était mon premier emploi au Luxembourg. Avant, j’étais commercial en Belgique et je gagnais la moitié quand tout allait bien.

Je gagnais 5.000 euros environ par mois et en fin d’année j’avais des primes de 5.000 à 8.000 euros. En plus, j’avais une voiture, un gsm, des frais… C’était une période géniale.

Le fixe était légèrement supérieur au minimum légal mais les commissions mensuelles représentaient la majeure partie du salaire.

La pression du résultat mais de vraies récompenses.

On bossait dur parce qu’on avait des objectifs importants à réaliser. Le matin au bureau, c’était « Combien t’as fait hier ? » avant même le bonjour.

On avait une réelle pression pour réaliser le chiffre d’affaires, mais on avait aussi beaucoup de compensations comme des incentives super sympas, des voyages de rêve, des séminaires dans des chouettes restaurants… On avait un esprit d’équipe et c’était une grande motivation.

Si on était bon vendeur, tout allait bien. Mais beaucoup partaient au bout d’un certain temps parce qu’ils n’atteignaient pas leurs objectifs. Certains ne restaient que quelques mois, d’autres un an, mais peu de commerciaux avaient plus de quatre années d’ancienneté.

Au début ça fait bizarre de voir un collègue sur deux ou trois partir ou se faire virer, mais à force, on s’y fait. En plus, si on atteignait le chiffre d’affaires de l’équipe qui était fixé, on avait des primes ou incentives en fin d’année. Alors quelque part on préférait avoir des collègues « performants ».

Je n’en pouvais plus et je suis parti…

Durant ma sixième année, j’ai commencé à « galérer ». Mes résultats étaient de moins en moins bons jusqu’à ne plus atteindre les objectifs.

Quelques années plus tard, grâce à une amie, j’ai mieux compris ce qui avait pu se passer à cette époque. En gros, je croyais que j’étais devenu tellement bon que je bossais autrement sans m’en rendre compte. Parfois j’allais à mes rendez-vous sans rien préparer, je ne prenais plus la peine d’expliquer les choses correctement à mes clients… Bref, j’ai craqué et je suis parti.

J’ai accusé le coup quelques mois, difficiles avec le « petit » chômage belge, et j’ai cherché un autre job. J’ai fini par en trouver un dans une boite qui débutait. Le défi me paraissait sympa et je gagnais environ 3.500 euros. C’était encore plus dur mais je suis resté jusqu’à la crise de 2007-2008. Là tout s’est dégradé.

Je suis resté longtemps au chômage sans rien trouver. J’ai voulu créer une boite avec un copain mais ça n’a pas marché.

Aucun ancien collègue n’a retrouvé les mêmes salaires

J’ai gardé quelques contacts avec quelques anciens collègues. Parmi eux, aucun n’a retrouvé ce salaire. Les choses ont changé depuis la crise. Peut-être que certains s’en sont bien sortis…

Aujourd’hui, j’ai trouvé un job en Belgique. Je bosse pour un site qui vend des produits sur internet. Mon salaire n’a plus rien à voir avec celui d’Editus de l’époque mais j’ai appris à dépenser moins, à vivre autrement.

J’ai un peu plus de 50 ans et ce n’est pas évident de trouver un emploi comme commercial. On me prends pour un « vieux » mais j’ai encore presque 15 ans à faire avant la retraite, alors…

Faites-vous une idée des salaires au Luxembourg dans notre rubrique Le salairoscope.

 

* Le prénom a été changé