Il y a quatre ans, Marie était encore en bonne santé physique. À l’époque, cette Arlonnaise travaillait au Luxembourg, comme assistante de direction commerciale, auprès d’une société de vente de matériel médical. 

Mais après une opération du dos qui c’est mal passée, son état de santé décline : elle commence à ressentir de terribles douleurs. Elle ne peut plus occuper une position debout ou assise prolongée. Et malgré les interventions chirurgicales à répétition, elle sait que ses problèmes dorsaux ne se résoudront jamais.

Allant d’interruptions temporaires de travail, en arrêts maladie prolongés, elle est finalement licenciée. Avec son employeur, la relation contractuelle se termine mal : “Mon patron a très mal pris la détérioration de mon état de santé ; il s’est même fâché et m’a reproché mes absences répétées. À la fin, nous ne communiquions que par courriers recommandés“, se souvient-elle.

Reclassement externe et chômage

Considérée comme inapte au travail, par le contrôle médical de la sécurité sociale (CMSS), elle entame alors des démarches de reclassement externe. Le médecin du travail qui l’examine, confirme la décision du CMSS et l’envoie d’emblée en cure, à Mondorf.

Elle passe ensuite devant la commission mixte, chargée de statuer sur son reclassement. L’organe se compose de représentants des assurés, des employeurs, de l’Agence pour le développement de l’emploi et de la Direction de la santé.

D’office, Marie est inscrite comme demandeuse d’emploi, auprès de l’Adem, et perçoit des indemnités de chômage. À charge pour elle de retrouver un travail, en attendant que la commission mixte se prononce sur le reclassement. Ensemble, avec une conseillère spécialisée, elle explore les possibilités de formation et de reconversion professionnelle. Mais son état physique ne lui offre que peu d’alternatives.

STUPéfaction !

En octobre dernier, à sa grande surprise, on lui assigne un TUP : travail d’utilité publique. Le TUP est un dispositif d’emploi temporaire auprès de l’État, des communes, des syndicats communaux, des établissements publics ou des fondations, qui s’applique aussi aux personnes reclassées, dans la mesure (en théorie) de leurs capacités physiques.

À nouveau, elle revoit le médecin du travail, qui préconise un mi-temps. Sa demande transite ensuite devant la commission mixte, puis monte chez le ministre du Travail pour approbation.

Début mars 2017, après plus de 3,5 ans d’inactivité professionnelle, Marie rejoint le bureau d’accueil d’un service administratif, à Luxembourg-Ville. Elle doit travailler 40 heures par semaine, contrairement à l’avis du médecin du travail : “Physiquement, j’ai du mal à supporter ce travail toute la journée. Tant que j’étais à la maison, je pouvais toujours m’allonger et me reposer pour récupérer. Après mes huit heures par jour, plus le temps de trajet, je termine ma journée cassée. L’idéal serait de bénéficier d’un mi-temps ou d’au moins un jour de récupération“. Elle a donc ait une demande dans ce sens auprès de la commission mixte.

En attendant, elle ne sait pas si elle est là pour quatre ou six mois : “En principe cela peut durer jusqu’à l’âge de la retraite ou bien jusqu’à ce que le médecin me déclare à nouveau apte au travail“.

40 heures par semaine et payée par les indemnités chômage

Côté indemnités, elle ne touche pas plus que si elle restait à la maison : “Je ne reçois pas de compensation supplémentaire, que ce soit pour le déplacement ou pour l’expérience et les compétences que j’apporte. En quelque sorte, je suis bénévole“, sourit-elle.

Mais parallèlement à son nouveau “bénévolat”, elle est aussi tenue de rechercher activement un emploi. C’est pour cela que l’Adem lui verse ses indemnités : “Pour l’État, je suis toujours considérée comme une demandeuse d’emploi“, précise-t-elle.

Mais avec son statut de reclassée et son incapacité à effectuer une activité sédentaire prolongée, les employeurs ne se bousculent pas au portillon pour l’embaucher. Lors des quelques entretiens qu’elle a pu passer, l’incertitude se lisait sur leur visage : “Je vois bien que les recruteurs se posent des questions : ‘Est-ce qu’elle va être apte à travailler ? Ne sera-t-elle pas absente souvent ? Peut-on compter sur elle, sachant qu’elle risque d’être en arrêt maladie, pendant plusieurs semaines ?’ Ils ont certaines craintes, alors qu’ils peuvent bénéficier d’avantages, puisque j’ai plus de 50 ans” fait-elle remarquer.

Enfin, même si le soir, elle est au bout du rouleau, elle reste positive : “Auparavant, je me considérais comme un poids mort, inutile à la Société. Aujourd’hui, je me sens valorisée, je peux servir et aider d’autres personnes, qui bien souvent me le rendent bien.

L’idéal, espère-t-elle, serait que mon TUP se transforme en CDI avec un aménagement du temps de travail“.