Michèle Detaille n’est pas le genre de présidente à pratiquer la langue de bois. Quand la responsable de la Fédération des industriels luxembourgeois (Fedil) n’aime pas quelque chose, elle le dit. Et à l’heure de suggérer quelques pistes aux candidats à la députation, elle n’a pas hésité à qualifier d’« irresponsable » la proposition de diminuer le temps de travail des salariés du Grand-Duché à 36 h.

C’est donc un “niet” clair qu’a adressé la voix de quelque 700 entreprises aux oreilles de celles et ceux qui, actuellement, s’interrogent à abaisser en deçà des 40h/semaine la durée hebdomadaire d’un temps complet. Dans le collimateur de la Fedil : le ministre du Travail Georges Engel (qui présentera une étude sur la question en avril), le LSAP qui en a fait un de ses thèmes de campagne à la veille des législatives, et les syndicats OGBL et LCGB.

En soi, la position de la Fédération industrielle n’a rien de surprenant. Elle fait d’ailleurs écho à la position de l’Union des entreprises (UEL). Mais c’est le ton du message qui l’est plus. En effet, la patronne de la Fedil y va sans ménagement. Rappelant, par exemple, qu’en se penchant sur le temps effectif de travail, les employés du Luxembourg n’ont pas à se plaindre.

Trop d’arrêts maladie

Ainsi, le Grand-Duché est l’un des pays avec le plus de jours de repos et fériés d’Europe (26 + 11 au total). C’est aussi un Etat “généreux” en matière de congés divers (parental, pour raisons familiales, sans solde, etc). Et la Fedil d’attaquer aussi de trop grandes largesses dans les arrêts maladie accordés, réclamant au passage plus de contrôles sur ceux-ci !

Aussi, s’il fallait revoir le temps de travail hebdomadaire ce ne serait pas sa durée, mais sa flexibilisation. Et les industriels de plaider certes pour une moyenne de 40h hebdomadaires mais en mode variable : 30 h une semaine sans trop d’activité, 50 h à l’occasion d’une semaine plus chargée

Ce serait là, aux yeux de la Fedil, une solution gagnant-gagnant : l’entreprise ayant moins à payer d’heures supplémentaires (dans un contexte où les salaires ont augmenté) et pour le salarié de bénéficier d’un meilleur équilibre vie privée/vie professionnelle.

Il y a un mois, c’est la Chambre de commerce du Luxembourg qui avait déjà mis en avant les “atouts” d’une flexibilisation du temps de travail. Parmi les arguments avancés, il était souligné que si le temps de travail hebdomadaire baissait de 40 à 38 h, tout en maintenant le même niveau salarial, l’impact pour chaque entreprise correspondrait à une augmentation du salaire horaire brut de 5%. Soit le brusque équivalent de 2 index sur les finances de la société.

La Chambre préconisait plus de souplesse dans la possibilité pour le collaborateur comme l’employeur de réclamer un aménagement temporaire de sa durée de travail.

Aux politiques maintenant de s’emparer de la question. Le DP et le CSV ont déjà fait part de leurs doutes sur les bienfaits d’un temps de travail passant en dessous des 40h; le LSAP y est favorable et Déi Greng aussi. Voilà un point d’achoppement qu’il sera difficile de surmonter à l’heure de négocier une prochaine coalition…

 

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