Les robots sont aujourd’hui de plus en plus intégrés au cœur de nos entreprises et de notre société. Leur rôle ? Effectuer des tâches qui, voici encore quelques années, étaient réalisées par des hommes et des femmes.

Le robot est en effet défini comme un « mécanisme automatique à commande électronique pouvant se substituer à l’homme pour effectuer certaines opérations, et capable d’en modifier de lui-même le cycle en appréhendant son environnement ».

Face au déploiement croissant de la robotique et de l’automatisation, d’aucuns s’interrogent sur leur impact sur nos emplois. Et ce questionnement est bien normal.

De tout temps, les nouvelles technologies ont suscité à la fois crainte et fascination chez l’Homme. Dès la première révolution industrielle, lorsque la robotique a véritablement pris son essor, il s’est inquiété de cette mécanisation des processus.

Pourtant, si l’on prend l’exemple du secteur agricole, on constate que le recours aux machines n’a pas contribué à supprimer l’emploi. Il a en réalité permis à cette main-d’œuvre de se consacrer à d’autres tâches et à de nouveaux secteurs, secondaire puis tertiaire, de se développer.

Des fonctions amenées à disparaître

Si les machines se contentaient autrefois de réaliser des tâches physiques pénibles, les robots, de plus en plus intelligents, sont aujourd’hui capables de remplir des fonctions intellectuelles et qualifiées.

Dès la fin des années 1990 par exemple, les chercheurs ont tenté de développer une intelligence artificielle capable de jouer au go, ce jeu de stratégie chinois particulièrement complexe.

Durant les premières années, le robot n’était capable de battre que des joueurs amateurs. Ce n’est qu’en 2006 que ces programmes ont réussi à affronter des joueurs de haut niveau. Les progrès se sont ensuite accélérés, pour permettre l’an dernier à une intelligence artificielle de battre le numéro un mondial du go.

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Désormais, tous les secteurs de l’économie sont concernés par la robotisation. Parce qu’ils peuvent utiliser de manière optimale les données, prendre des décisions sur base de diverses variables et de ce qu’ils ont appris, les robots intelligents se montrent plus efficaces que l’humain à plus d’un titre. Ils peuvent améliorer de nombreux processus. Mieux, ils permettent d’éviter les erreurs humaines et sont efficaces en continu. Dans ce contexte, des études tentent régulièrement d’évaluer leur impact sur le taux d’emploi. Selon celle menée en 2013 par Carl Benedikt Frey et Michael Osborne, deux chercheurs de l’Université d’Oxford, près d’un emploi sur deux (47 %) serait menacé par la digitalisation de l’économie aux Etats-Unis.

Relativement alarmiste, cette recherche a été critiquée pour sa méthodologie. Sont en effet considérés comme emplois menacés, ceux qui intègrent 70 % de tâches qui peuvent être robotisées et automatisées.

Une étude réalisée par l’OCDE cette année réduit ce taux à 14 %. Elle considère en effet que ce n’est pas parce qu’une partie des tâches peut être automatisée, que le métier dans son ensemble disparaît.

En France, les conclusions du rapport du Conseil d’orientation pour l’emploi sont similaires. Elles estiment que « moins de 10 % des emplois cumulent des vulnérabilités qui pourraient en menacer l’existence dans un contexte d’automatisation ».

Ce sont surtout les métiers manuels et peu qualifiés qui se trouvent concernés. D’après les avis de 350 experts de l’intelligence artificielle, compilés par Katja Grace du Future of Humanity Institute d’Oxford, les robots et les intelligences artificielles seraient néanmoins capables de surpasser les humains dans certains secteurs très rapidement. Et de citer quelques exemples : les traducteurs pourraient être dépassés dès 2024, les chauffeurs de poids lourds en 2026.

Vers de nouvelles compétences

Mais plutôt que de supprimer des emplois entièrement, les robots tendent à les faire évoluer. Toujours selon le Conseil d’orientation pour l’emploi, « la moitié des emplois existants pourrait voir son contenu notablement ou profondément transformé ».

Puisqu’ils assurent certaines tâches répétitives, les robots libèrent du temps aux humains, qui peuvent ainsi se consacrer à des fonctions à plus haute valeur ajoutée. Dans le métier de comptable, par exemple, la robotisation permet d’effectuer des missions répétitives et souvent chronophages pour l’Homme, mais pourtant essentielles. En automatisant ces processus, le comptable peut passer davantage de temps à conseiller ses clients, son véritable cœur de métier.

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Néanmoins, la robotisation exige aussi des fiduciaires qu’elles repensent leur business model. En effet, la plupart d’entre elles fonctionnent en régie. En automatisant des processus, elles les rendent plus rapides et peuvent donc facturer moins d’heures à leur client.

Il s’agit donc de valoriser des services à plus haute valeur ajoutée, tout en veillant à démontrer les avantages de la robotisation, tant pour les clients que les collaborateurs.

La montée en puissance des robots nécessite aussi de disposer de plus en plus de compétences numériques, capables de les concevoir, de les entraîner et d’en assurer la maintenance. Sans l’humain, les technologies n’ont guère de sens – ce sont d’ailleurs eux qui les inventent.

Le défi est grand pour le monde de l’éducation, qui va devoir parvenir à former des jeunes capables d’interagir avec les machines, de collaborer avec ces nouveaux collègues de travail et de les compléter. L’essentiel sera de réussir à doter les gens de compétences qui ne peuvent être automatisées.

Car, il ne faut pas l’oublier, au-delà de l’intelligence, l’être humain dispose de bien d’autres capacités dont les robots ne peuvent se targuer. La créativité, la curiosité, la sensibilité, les émotions et les sentiments, la capacité à créer des liens sociaux, l’empathie… resteront le propre de l’Homme.

Jeanne Renauld

(Article publié dans le numéro 92 d’Entreprises Magazine, Disruptives nouvelles technologies… (Novembre/Décembre 2018).

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