On ne cesse, légitimement, de vanter les mérites du télétravail en arguant de tous les avantages qu’il confère. La dernière newsletter de la Chambre des salariés (CSL), sans tirer à boulets rouges sur une pratique qui tend à se démocratiser, vient nuancer les louanges qui lui sont tressées. A noter que la CSL n’emprunte pas dans sa note le terme de “télétravail” mais celui “d’utilisateurs mobiles”, ces derniers n’évoluant dans aucun cadre législatif. Dans les faits toutefois, user du terme “télétravailleur” n’est pas erroné.

Tout d’abord, il convient de noter que quelque 11 % des salariés du Luxembourg composent le groupe des personnes « recourant fréquemment aux technologies de l’information et de la communication pour travailler à distance en dehors du lieu de travail de leur organisation. »

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Disposant d’une autonomie plus accrue, cette catégorie d’actifs est, comme ailleurs en Europe (selon les études conjointes d’Eurofund et de l’Organisation mondiale du Travail) :

  • Majoritairement composée d’hommes (12,3 % contre 8,9 % pour les femmes),
  • Constituée d’une population plutôt jeune (15,6 % des 25-34 ans) ;
  • Personnifiée par des travailleurs occupant des postes à responsabilité tels que directeur ou cadre de direction (20,6 %), ou exerçant dans le domaine des professions intellectuelles et scientifiques (24,8 %).

Une pratique davantage développée dans le secteur public

Le rapport « Quality of Work » relève ainsi que 23,8 % de ces salariés usant des TIC (Technologies de l’information et de la communication) en dehors du lieu de travail disposent d’un Master (ou diplôme équivalent) alors que seulement 4 % de ceux qui n’ont pas suivi d’études supérieures les utilisent pour travailler ailleurs que dans le cadre de l’entreprise.

Le type de contrat ou l’ancienneté dans l’entreprise n’a pas, ou que très peu, d’incidence sur la proportion des utilisateurs de TIC hors entreprise.

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En revanche, le statut de la société influe sur la façon d’exercer. Les organisations publiques comptent en effet plus de ces travailleurs à distance dans leurs rangs (19,6 %) que celles du privé (8,7 %).

La taille de l’entreprise ne semble pas non plus, hormis pour celles dénombrant de 5 à 14 employés (5,2 % d’utilisateurs mobiles), être un facteur déterminant (11,5 % dans celles comptant 250 employés ou plus, 11,7 % pour celles de un à quatre salariés).

Plus le temps de travail progresse, plus on travaille en dehors de l’entreprise

De son côté, le temps de travail réel y contribue. Les statistiques démontrent que les salariés travaillant plus de 46 heures par semaines avaient davantage recours aux TIC hors de la société.

Ils sont même 30 % dans ce cas dès lors qu’ils prestent jusqu’à 10 heures d’exercice supplémentaires, sur la base d’un 40 heures/semaine.

Plus indépendants certes mais également plus malmenés. Le revers de la médaille de ces pratiques de travail rejaillit sur la sphère privée. Cette catégorie de travailleurs est en effet plus sujette aux conflits personnels, au harcèlement moral et au burn-out.

D’où la nécessité pour réellement faire du télétravail une pratique efficiente, de prendre au sérieux le droit à la déconnexion.

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