Redécouvrez le portrait de Maria, gérante de tabac-presse au Luxembourg, qui nous parle de son métier, de ses clients et de son rythme de travail (publié initialement en juin 2014).

Maria, cinquante ans, est arrivée au Luxembourg il y a dix ans de cela. “J’avais perdu mon travail en France, nous apprend-elle tout en continuant de ranger la section Roman de son magasin. La boutique pour laquelle je travaillais a mis la clef sous la porte. Du coup, j’ai commencé à chercher un emploi dans la même branche et c’est ici qu’une opportunité s’est ouverte à moi“.

Plus forcé que préparé, son départ de l’Hexagone a pris pour Maria des allures de renouveau : “Au début, si je suis venue à Luxembourg-Ville, ce n’était pas pour l’argent, mais parce que je n’avais pas le choix. Mon travail en France me convenait très bien ! Mais j’aime mon métier ici, surtout que je suis gérante maintenant. Il y a des avantages non négligeables, surtout financier, même si ce ne sont plus les mêmes que dans le temps“.

“Il n’y a pas de Français parfaits non plus !”

Après deux vies professionnelles menées succinctement des deux côtés de la frontière, qu’est ce que Maria retire sur les différences de mentalité entre les deux pays ? “Je sens quand même pas mal de différences de mentalités entre la France et le Luxembourg… Les Luxembourgeois ont des idées différentes des nôtres, même au niveau politique. J’ai l’impression qu’ils se sentent parfois un peu supérieurs à nous alors que bon, c’est pas vraiment le cas… Sans méchanceté aucune !“.

Et les habitants du Grand-Duché, font-ils de bons clients ? “Ah oui, ces fameuses histoires comme quoi la clientèle luxembourgeoise serait plus difficile que les autres… Moi je n’ai jamais eu de problèmes avec eux en tout cas. Il faut les prendre comme ils sont. Et je vais vous dire une chose : il n’y a pas de Français parfaits non plus hein !“.

Entre 200 et 300 euros d’essence par mois

Au niveau des transports, Maria effectue la route depuis Thionville chaque matin au volant de sa voiture : “Il n’y a pas de trains à l’heure où je commence, explique-t-elle. En règle générale, j’arrive pour 5 heures pour l’ouverture, voir parfois 4 heures, donc au niveau des bouchons je suis tranquille car il n’y a quasiment personne sur les routes quand j’y suis“.

Le tout pour un budget essence oscillant entre 200 et 300 euros par mois.

“Je suis partie quasiment toute la journée”

A en croire son indéfectible sourire et sa bonne humeur communicative, Maria a tout de la travailleuse frontalière heureuse et épanouie… malgré des journées conséquentes : “Je fais des journées de 14 heures, parfois même de 18 heures, tout dépend“.

Un état de faits compensé par un salaire qu’elle n’aurait pas pu se faire de l’autre côté de la frontalière : “vu que je suis gérante, je touche entre 3 et 4.000 euros par mois“.

Mais bonne paye ou non, ce volume horaire ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre une fois le travail terminé : “je suis partie quasiment toute la journée, c’est un peu compliqué au niveau de ma vie privée. Avec tout ça, je n’ai pas beaucoup de temps pour moi ! J’ai des enfants mais dieu merci, ils sont suffisamment grands pour s’occuper d’eux maintenant sinon je ne sais pas comment je ferais“.

Le mot de la fin, Maria ? “Moi je me sens bien ici. Et je pense que tous ceux qui ont la possibilité de venir ne devrait pas s’en priver !“.