« Je pensais que ça ne se ferait jamais. » Ses proches résident tous dans les environs de Liège d’où elle est originaire. Difficile de couper le cordon. Et puis, elle est bien installée à son poste de secrétaire médicale dans un hôpital du coin depuis presque trois ans. Depuis qu’elle a validé son bachelier en 2014 en fait.

Comme le hasard fait bien les choses, elle rencontre son compagnon, Wallon également, qui lui, demeure à quelques kilomètres de la frontière luxembourgeoise. L’opportunité de faire d’une pierre deux coups. « Les trajets n’étaient plus possible, se souvient la jeune femme. J’ai commencé à postuler à plein de postes au Grand-Duché et j’ai accepté presque le premier venu. »

Elle débarque finalement au pays l’été dernier en tant que personal assistant dans une société du Big Four avec un CDI à la clé. L’expérience tourne court, le job ne lui correspond pas : Myriam résilie son contrat à l’issue de sa période d’essai.

 

« Les Luxembourgeois rouspètent un peu plus (rires) »

Maintenant que le cap a été franchi, plus question de partir à l’abattée. Myriam compte bien battre pavillon Roude Léiw. Bien lui en a pris ! Après seulement quelques semaines de latence, une offre de secrétaire médicale lui parvient via une agence d’intérim. La place doit être comblée urgemment. Quelques jours en tant qu’intérimaire plus tard, elle paraphe un fixe. Retour aux sources ! « J’adore ce que je fais même si c’est dur. Les patients luxembourgeois sont un peu plus difficiles que les Belges (rires). Ils rouspètent un peu plus. »

Et la frontalière de conter quelques anecdotes, sourire aux lèvres. « Une fois, un client s’est présenté à l’accueil de l’établissement en parlant français et s’est mis à râler parce que les hôtesses s’exprimaient en luxembourgeois. Arrivé dans notre service, il s’est plaint parce que nous parlions français et non luxembourgeois ! »

« J’aimerais apprendre le luxembourgeois… »

Myriam affirme qu’elle a été plutôt chanceuse car l’offre d’emploi n’impliquait ni bilinguisme en allemand ni en Lëtzebuergesch alors que ces qualités sont légions dans son domaine. « Par contre, même si je fais sûrement quelques fautes par-ci par-là, je n’ai aucun problème à communiquer en anglais avec les patients. »

Et ses petites remontrances répétées de la part de ses interlocuteurs ? « C’est un peu chiant. J’aimerais bien apprendre le luxembourgeois mais avec mes horaires, je n’ai pas le temps. Je rentre trop tard le soir. » Planning de travail condensé oblige, elle se rend au bureau quatre jours dans la semaine tout en compilant ses quarante heures.

« Je ratais souvent mon train »

Elle s’est bien essayée aux transports en commun mais s’est vite retourner vers son véhicule. « De chez moi, je devais me rendre à la gare d’Arlon, où le parking est bondé et payant. L’abonnement de train était cher et les bus, ralentis dans les embouteillages, étaient rarement à l’heure. Du coup, je ratais souvent mes trains… »

Elle emprunte donc les petites routes, limitées à 50 km/h certes mais bien plus fluides que l’A6 où elle ne met quasiment jamais les pieds. « C’est plus court en kilométrage mais plus long car on roule moins vite. Mais sur la route, il n’y a personne. Je mets une cinquantaine de minutes, ça me va très bien. »

Certains soirs, comme elle quitte après les heures de pointe, quand le flux est bien moins dense, elle remonte par l’autoroute.

600 euros de plus qu'en Belgique

La distance domicile-lieu de travail, la navetteuse la juge tout à fait acceptable mais envisage sérieusement de poser ses valises dans une zone plus limitrophe encore. D’autant que son conjoint devrait prochainement venir gonfler les rangs des frontaliers. « Bon, on n’ira pas au Luxembourg car c’est trop cher ! »

Si quelques doutes il y avait quant à son plan de carrière, ils sont désormais balayés. « Je ne compte pas revenir en arrière. » Ne serait-ce que pour le salaire. « Je gagne 2.200 euros nets mensuels, soit 600 de plus qu’au Plat pays. En puis en Belgique, avec les taxes, on se fait couillonner ! »