Les parcours sans encombre ne sont pas vraiment la norme de nos jours. Pas assez ou surdiplômé, manque d’expérience… Sacro-sainte productivité oblige, l’entrée dans le monde professionnel pour les jeunes est loin d’être un long fleuve tranquille. Il y en a pourtant qui tirent leur épingle du jeu, qui savent mener leur barque.

Juanito est plutôt de ceux-là, lui qui a signé son premier CDI à peine sorti de l’école en 2016. Un BTS en industrialisation des produits mécaniques décroché en France immédiatement sanctionné d’une embauche à plein temps dans une entreprise du secteur messin.

Bon poste, salaire des plus corrects, un début en fanfare. Après presqu’un an d’exercice cependant, l’idylle tourne court et les deux parties se séparent. Après une période de réflexion, le jeune homme commence à se dire que s’il pouvait faire une trentaine de kilomètres dans un sens, il pourrait très bien les faire dans l’autre aussi.

Les offres sont légion dans sa branche, si bien que les employeurs luxembourgeois débauchent en France, à l’instar de l’un de ses anciens homologues en France.

« J’espère que je serai reconduit »

La recherche est fructueuse. A la fin de l’année dernière, un employeur, côté Grand-Duché donc, lui offre un poste, en CDD cette fois. Le néo-frontalier remplit son contrat, son patron est satisfait, mais la mission s’achève après quelques mois.

Une période de battement plus tard, il propose à nouveau ses services dans cette même société. Cette fois, ce sera un CDD de trois renouvelables. « J’espère que je serai reconduit, aspire l’intéressé. L’avantage pécuniaire est quand même non négligeable, même si du fait de mon contrat, je n’ai pas droit aux mêmes avantages que les fixes. »

Plus de 2.000 euros au 4/5ème

Lui émarge à 2.150 euros nets par mois, en plus d’une dizaine de chèques-repas. Et au 4/5ème ! « En discutant avec les collègues, ils sont plus proches des 3.000 euros avec chèques-repas, voitures de fonction et carte essence pour certains. »

Juanito ne fait pour autant pas la fine bouche. « Pour le même travail en France, je toucherais 1.300/1.400 euros nets. Lorsque j’étais en prospection, j’étais tombé sur une offre d’un grand groupe automobile qui proposait 1.500 euros pour le poste que j’occupe ici. »

Autres bons points selon le Mosellan, les à-côtés offerts par le Grand-Duché. « Si je veux faire le plein, acheter des cigarettes… C’est quand même avantageux. »

Qui plus est, ses horaires matinaux lui évitent les stand-by au milieu des bouchons, d’autant qu’il est adepte du covoiturage avec ses collègues. « On est sur la route vers 5h20. Parfois, ça ralentit légèrement mais comme nous sortons directement après la frontière, il n’y aucun souci. »

Se mettre à l’allemand pour évoluer

Comme l’est sa mère depuis une décennie, lui se voit frontalier accompli d’ici quelques années, en nourrissant quelques ambitions quant à son évolution professionnelle. « Le poste d’acheteur industriel m’intéresse pas mal. Mais il faut au minimum cinq années d’expérience et surtout parler allemand. Il faudra que j’y songe. »

En interne, aucun problème pour communiquer puisque les salariés qu’ils côtoient sont en majorité frontaliers belges et français.

En résumé, vanter les atouts du pays revient à prêcher un convaincu. « Si l’on veut avoir un train de vie correcte, car la vie est un peu chère du fait de notre proximité à Luxembourg, il faut venir au Luxembourg. »

Et ce, même si la situation, notamment en termes de déplacement, se détériore à l’avenir. « Ce sera plus embêtant si je passe à des horaires de bureau. Mais si je peux faire quelque chose qui me plaît en gagnant mieux, pour le même kilométrage… »