Le télétravail s’est imposé d’une drôle de manière dans notre quotidien. Il a frappé aux portes de nos vies pressées par la contrainte sanitaire. Ou l’art de marier continuité de l’activité professionnelle à l’obligation de rester confiné. Aujourd’hui, le Luxembourg s’interroge sur la place à lui accorder maintenant que le virus a reculé. Un accord existe déjà, pas encore une loi.

La certitude, c’est que ce changement a fait rentrer directement le boulot dans la sphère privée. Chez soi (physiquement), au milieu des siens (humainement). Et à la vérité ce qui était au départ un “cas de force majeure” de cohabitation entre parents et enfants a fini par devenir une habitude pour de nombreux adeptes du “distanciel”.

D’après une étude de la Chambre des salariés (CSL), près d’un quart des télétravailleurs jongleraient ainsi entre tâches liées aux enfants et devoirs professionnels. 16% des 2.696 salariés sondés reconnaissant même mixer les deux occupations “souvent/presque tout le temps”.

Fixer des cloisons étanches

« Cela implique une porosité encore plus forte entre vie professionnelle et vie privée », souligne David Büchel. Et le psychologue du travail à la CSL de mettre immédiatement en garde contre les risques inhérents à cette cohabitation job/famille.

« On franchit un étage de plus dans la confusion des tâches avec le télétravail pratiqué ainsi. Cela va au-delà d’un coup de fil perso, c’est quel temps et quelle attention je peux réellement consacrer à mon boss ou à mon bébé en quelque sorte », relativise le spécialiste.

La situation semble d'ailleurs vite virer au conflit d'intérêt d'abord, au mal-être ensuite, tensions enfin... Ainsi, les répondants pratiquant en parallèle home-office et baby-sitting estiment vivre plus de situations de conflit vie pro/vie perso que leurs homologues consacrant uniquement les heures de télétravail à leurs tâches usuelles.

Clairement, à la longue, ils reconnaissent même se sentir plus proches du burn-out que leurs collègues. « Finalement, au lieu d'assumer 1 seul rôle (salarié), ils en assument 2 (salarié-parent) mais cela signifie 3, 4, 5 fois plus de problèmes à gérer le plus souvent en même temps... Pas tenable sans fixer des cloisons plus étanches ».

Plus open, plus agréable

L'index Quality of work 2023 souligne aussi que ces employés mélangeant bureau et garderie à la maison ont moins de motivation dans leur job, et s'y sentent moins bien. Avec en plus cette épée de Damoclès que veut faire visualiser le psychologue : un côté de la lame brisant son foyer et l'autre pouvant déchirer son contrat de travail au final.

D'où l'appel de David Büchel à surtout bien réfléchir à ne pas gâcher les "avantages" du télétravail (moins de trajet, plus de temps disponible pour soi, tranquillité) en s'ajoutant des "contraintes" que la vie de bureau n'imposait pas.

« Il y a les crèches, l'accueil en Maisons relais au Luxembourg qui peuvent servir de tampons sans forcément générer des surcoûts financiers énormes. Pour les frontaliers, c'est la même chose. Mieux vaut sans doute ne pas essayer d'économiser sur ces services qui vous permettent au final d'être plus open à vos missions, et plus agréable avec vos proches. »

Suivez-nous sur Instagram