Rosette, 49 ans travaillait depuis 18 ans au Luxembourg dans une société de construction. Elle a commencé comme secrétaire mais au fil des ans, son poste a bien évolué, en même temps que la société s’est développée. Elle gérait notamment les plannings du personnel, le recrutement des intérimaires….

Elle a toujours été très impliquée et n’a jamais compté ses heures, même quand ses enfants étaient encore petits, elle trouvait des solutions pour finir son travail. Son métier est devenu au fil des ans, de plus en plus stressant avec tous les jours un maçon, un carreleur ou un autre employé qui ne se présentait pas sur le chantier.

Rosette : ” On a régulièrement eu des ouvriers qui ne venaient pas le matin sans prévenir la veille mais depuis le Covid, c’était devenu très fréquent. C’était difficile de trouver en urgence un remplaçant et je passais ma vie au téléphone avec les agences d’intérim qui débordaient de demandes “.

Trois jours ou le début d’une prise de conscience

Malgré tout, elle a toujours aimé son poste. En février 2022, elle a eu le Covid mais ne s’est accordé que trois jours de repos. Depuis chez elle, elle a continué à gérer le mieux qu’elle pouvait les urgences pour que les chantiers continuent de fonctionner.

” Pendant ces 3 jours, j’ai commencé à réfléchir, à ma vie, à ce rythme infernal. Levée tous les matins à 6h, prendre la route vers le Luxembourg à 6H30 avec déjà des bouchons certains matins pour être au bureau à 7H30. Quand j’entendais encore que certains étaient en retard ou n’allaient pas venir et me dire que la journée allait être compliquée, je me rendais compte que j’avais moins d’énergie qu’avant “.

” En janvier 2023, je suis montée dans ma voiture comme tous matins, mais au moment de mettre le contact, je n’ai pas pu démarrer. C’était comme si ma tête et mon corps me disaient : Stop ! Je suis restée sans bouger dans un état second une heure ou deux, je ne sais plus et ensuite je suis retournée me coucher. Je n’ai pas dormi et je crois que je n’ai pensé à rien. Bref, c’était une journée très bizarre, j’étais comme un zombie. J’ai prévenu mon employeur de mon absence en lui disant que je viendrai le lendemain.

Elle n’est jamais retournée à son travail

Rosette n’est jamais retournée travailler. Pendant quelques mois elle a fait une sorte de dépression ou un burn-out, difficile de savoir. Chaque jour elle se sentait très fatiguée. Son médecin lui a conseillé de se mettre en repos complet et de couper toute relation avec son bureau, le temps d’aller mieux. Après deux mois, une semaine avant de retourner travailler, elle a commencé à avoir des maux de tête et toutes sortes de douleurs qu’elle n’avait jamais eu. Avec les conseils et les inquiétudes de sa famille, elle a compris que ce rythme n’était plus pour elle et elle a présenté sa démission.

Qu’est-ce qui a changé en 18 ans de travail au Luxembourg ?

Quand on demande à Rosette si elle trouve que les choses ont changé en 18 ans au Luxembourg, elle n’a pas de doute. Elle reconnait que de nombreux efforts ont été faits au niveau des transports publics, avec l’augmentation des trains, le tram et surtout la gratuité des transports, même si depuis son village et la situation géographique de la société, elle n’en a pas profité. Mais elle dit aussi que quand elle a commencé, il y avait beaucoup moins de frontaliers et moins de bouchons sur les routes. De 40 minutes de trajet, elle est passé à une bonne heure….

Elle nous confie aussi, qu’elle trouve que beaucoup trop d’employés n’ont pas une bonne conscience professionnelle. “ A la moindre contrariété, ils ne viennent pas travailler. Au moindre rhume, ils restent dans leur lit. J’ai connu des maçons travailler jusqu’à 10h pour finir un chantier à temps. Mais ça c’était il y a longtemps… ”.

Aujourd’hui, Rosette a trouvé un travail dans une agence intérimaire à 10mn de chez elle. Elle est loin de gagner ce qu’elle avait au Luxembourg, mais comme elle dit : ” Mon fils a un travail, ma fille vient de finir ses études, ma maison est payée, et 35 heures de travail par semaine, c’est juste un bonheur ! “.

ndlr : le prénom a été modifié

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