L’information n’a pas de frontière linguistique

J’ai été rapidement mise dans le bain. C’est une caractéristique du métier certes mais lors de mes précédentes expériences, en particulier les stages, je sentais bien que je n’étais pas autant impliquée. Non pas en raison d’un manque de volonté de ma part mais plus de mes collègues.

Je rédige tous les jours en français. Lors de mon entretien, il m’a été demandé si je connaissais le Luxembourgeois ou l’Allemand, deux langues que je ne maîtrise pas. Cela n’a pas posé de problème. L’information n’a pas de frontière linguistique, surtout au Grand-Duché.

J’alterne entre train et voiture pour me ménager mentalement

En ce qui concerne les trajets, j’alterne entre le train et la voiture. Pour des raisons professionnelles parfois quand je suis amenée à me déplacer et puis pour me ménager mentalement aussi.

Le ferroviaire, c’est bien, c’est plus économe, c’est moins usant, moins dangereux mais cela reste tout de même contraignant.

Il me faut une dizaine de minutes pour me rendre de mon domicile à une gare frontalière, presqu’autant pour rejoindre le quai après m’être garée sur un parking bondé. Sur les quatre voyages que je fais dans la journée, au moins trois ont du retard, et pas que des petits retards.

Au final, j’en ai grosso modo pour 1h10 de porte à porte alors qu’en temps de circulation routière fluide, je compte 35-40 min. Et encore, c’est en passant par les routes de campagne et ce n’est pas pour rejoindre Luxembourg.

Je ne peux pas dire que je n’étais pas prévenue, j’en étais parfaitement consciente. Mais on se rend réellement compte du désagrément quand on est concerné.

Il faut bien que nous ayons une raison de nous lever sans les pieds de plomb

A l’heure actuelle, je n’ai pas de famille. Et puis c’est mon premier emploi fixe, alors je ne crache pas dans la soupe. D’autant que je gagne plutôt bien ma vie. Plus de 2.000 euros par mois avec des chèques repas.

Des confrères français que je connais, jeunes aussi certes, exercent pour 500-600 euros de moins. J’ai déjà moi-même bossé pour des rémunérations similaires. Je n’ai pas à me plaindre.

Il faut néanmoins souligner qu’au Luxembourg, la durée de travail hebdomadaire est de 40h, soit 5h de plus qu’en France. Rapportées au mois, cela fait 20h si l’on respecte stricto sensu les horaires ce qui est quand même assez rare. En plus de la contrepartie du transport, il faut bien que nous autres frontaliers aient une raison de nous lever sans les pieds de plomb.

Je ne me vois pas faire une grande carrière ici

Je suis en CDI, ce qui est une chose que l’on obtient de plus en plus difficilement dans cette branche. D’autant que les offres ne sont pas légion, loin de là.

Beaucoup triment plusieurs années avant d’acquérir une stabilité à tout point de vue : financière et familiale, qui sont pour moi, en un sens, toutes deux liées. Et que dire de la boule au ventre « Est-ce que j’aurai du boulot la semaine prochaine » qui s’évapore dans un métier où le stress est déjà suffisamment grand.

Je ne me vois toutefois pas faire une grande carrière ici mais cela me concerne personnellement. Le pays offre d’indéniables avantages pour les familles, les retraites etc. Il s’agit seulement d’intérêts professionnels.

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