Originaire du Pays Haut, Sandra (64 ans) est éducatrice sportive spécialisée en Pilates. Passionnée de sports, elle s’initie à la méthode en 1996.

Mise au point par Joseph Pilates, un entraîneur rééducateur de danseurs professionnels, celle-ci a pour objectif “le développement des muscles profonds, l’amélioration de la posture, l’équilibrage musculaire et l’assouplissement articulaire, pour un entretien, une amélioration ou une restauration des fonctions physiques” (Wikipedia).

Sandra dispense son art en France et au Luxembourg : sous forme de séances collectives (4 à 5 patients maximum) ou de coaching individuel : ensemble avec le patient, ils parlent de ses maux, travaillent les techniques de renforcement musculaire et lombaire notamment.

“Je leur apporte du bien-être

“Ce sont essentiellement des personnes sédentaires, qui viennent avec des problèmes de dos, de cervicales, au cou, ou tout simplement pour se sentir mieux dans leur corps”, précise-t-elle. “Je fais un premier diagnostic, puis leur montre et explique les mouvements à faire, et je les rassure… L’objectif final est qu’ils se prennent en charge, corrigent leurs mauvaises habitudes en matière de postures et travaillent par eux-mêmes les mouvements, pour faire disparaître leurs douleurs”.

Pour Sandra, ces séances sont aussi des rencontres, un contact, un partage, une discussion, un feeling : “On s’apprécie beaucoup ; je comprends leur malaise et je leur apporte du bien-être”.

Le sport n’a cependant pas été son premier métier. Et le bien-être ? Son ancien patron n’en avait cure ! Vendeuse de formation, elle a commencé dans le secteur à 17 ans, comme apprentie. Elle y restera une trentaine d’année, jusqu’au début des années 2000. À l’époque, elle gère une boutique de mode pour enfants. Et elle craque.

Manipulée par son patron, elle déprime et fait un burn-out. “J’ai travaillé avec lui pendant dix ans : j’étais sa confidente, sa mère, sa vendeuse, sa responsable, tout…“, martèle-t-elle.

“J’étais le larbin qu’on pouvait manipuler”

Elle ne comptait plus les heures supplémentaires : Non seulement, je n’avais plus de temps pour moi. Mais en plus, il refusait de m’accorder le temps de repos ou le salaire compensatoire auquel j’avais droit, explique-t-elle. “Il me disait : ‘Je vais vous inviter au restaurant, vous êtes d’accord !’. Il me pressait tellement, qu’à la fin je cédais et acceptais“.

Régulièrement, ils partaient à Paris, pour se fournir en vêtements : là il insistait pour qu’elle l’accompagne dans les restaurants gastronomiques et aux spectacles : Il adorait Sheila ! Souvent, j’ai dû assister avec lui à ses concerts, à l’Olympia notamment”, se souvient-elle. “C’est comme cela qu’il compensait mes heures supplémentaires“.

Autre entourloupe de son employeur : il lui ordonnait de le rejoindre chez lui le samedi à 5 heures du matin, sous prétexte d’aller ensemble à Paris pour acheter des vêtements et les fournitures nécessaires au fonctionnement du magasin. “Une fois chez lui, il me disait :Sandra, voici les clés de la voiture ; vous y allez seule, et vous achèterez tout ce dont vous avez besoin pour la boutique.’ Il me donnait une enveloppe avec l’argent, et moi je partais toute seule. J’étais la brave fille, le larbin qu’on pouvait manipuler“.

“J’ai appris à changer”

Jusqu’au jour où c’est la dépression. Sa famille et ses amis ne comprennent pas son malaise. “À l’époque, je voulais mourir“, commente-t-elle. Son médecin la met en arrêt-maladie et l’envoie chez un psy. : “J’avais enfin en face de moi une personne neutre, qui m’écoutait, me comprenait, et à qui j’arrivais à raconter tout mon mal-être. Je me suis alors réveillée et j’ai réalisé“, indique-t-elle.

Du jour au lendemain, elle quitte son patron, l’attaque aux prud’hommes, apprend à se défendre : “C’était très compliqué pour moi, qui avais toujours été éduquée pour aider les autres et leur rendre service. J’ai appris à changer du tout au tout, et je me suis affirmée“, se félicite-t-elle.

La thérapie l’aide à affronter la situation : “Elle m’a permis de mettre des mots sur mon mal-être, car je ne comprenais pas pourquoi mon patron me harcelait, ni ce qui m’arrivait et ce que je subissais“, reconnaît-elle. Les séances durent un an et demi, le temps de se reconstruire. Entretemps, elle gagne son procès.

À 6.500 mètres d’altitude au Népal

Au chômage, elle décide alors de s’inscrire à une formation d’éducateur sportif. 18 mois plus tard, elle obtient son brevet d’État, qui lui ouvre de nouvelles portes.

À son compte, elle est aujourd’hui épanouie. Et son nouveau métier lui apporte beaucoup. En dehors de ses activités de Pilates, elle est souvent par monts et par vaux : à préparer une ascension à plus de 6.000 mètres d’altitude ou un marathon. Pour cela, elle court chaque semaine, une bonne trentaine de kilomètres, quand elle ne fait pas de randonnées ou du trekking.

Le Pilates l’aide dans sa préparation, pour le renforcement musculaire et pour la concentration : “Quand on monte à 6.500 mètres, on ne fait pas n’importe quoi ; il faut savoir placer son corps, planter un piolet, un piquet, et anticiper. Dans ces moments-là, il n’y a personne pour vous guider et vous prévenir des dangers autour de vous“, insiste-telle.

Pleine de confiance en soi et d’énergie, elle repart dans un mois au Népal, pour une ascension de 6.300 mètres. Ce sera la 5ème fois, précise-t-elle : “Il me faut toujours une activité physique. Et quand j’aurai terminé ce projet, je serai prête à recommencer. Car je suis entière : et tout ce que j’entreprends, je dois le faire à fond.”