Stéphane, 30 ans est informaticien au Luxembourg depuis quatre ans. Évoluant dans un secteur professionnel dynamique, il gagne bien sa vie avec un salaire avoisinant les 3200 euros net par mois. Il a la chance d’avoir une voiture de fonction et de profiter de tickets restaurants offerts par son employeur.

En comparant avec la France, son pays d’origine, il avoue sans ambages que le salaire et l’évolution professionnelle ne sont pas du tout les mêmes  : « Si tu es un bosseur, les employeurs reconnaissants savent te récompenser. C’est appréciable. De plus, tu peux vite monter en hiérarchie. Les compétences sont valorisées à leur juste valeur. On ne le dit pas assez mais si tu as l’opportunité de travailler dans une entreprise qui est attentive au talent, ta carrière peut évoluer rapidement. Le Luxembourg, c’est ça… ».

50 euros par mois d’augmentation, il démissionne

Il se souvient d’ailleurs d’une anecdote : « Quand je pense qu’en France, j’étais rémunéré à 1500 euros net par mois » se rappelant de sa demande d’augmentation de salaire à son ancien employeur français. Il m’a accordé 50 euros par mois. « Le lendemain, je postulais au Grand-Duché. Ici, on ne joue pas dans la même cour ». Mais la crise sanitaire a changé quelque peu la donne.

20 km de la frontière, 1h30 de route

Comme de nombreux frontaliers, Stéphane a fait un point durant le confinement sur ce qu’il pouvait améliorer pour être encore plus heureux.

Tout d’abord, les trajets quotidiens qui, selon lui, sont inutiles pour certains postes : « La route, ce n’est que du stress pour un salarié et des retards à répétition pour les sociétés ».

Depuis quelques semaines, il remonte de temps en temps dans sa entreprise mais il se demande parfois pourquoi ? Il habite à 20 kilomètres de la frontière luxembourgeoise (en Belgique) mais perd toujours autant de temps sur la route : « En moyenne 3 heures dans la journée. Je crois que les employeurs luxembourgeois doivent impérativement évoluer sur cette thématique. Les transports, c’est la galère. Je remarque que  c’est le premier sujet de conversation matinal au boulot. Ça a été toi sur la route ? Ou encore, on s’excuse d’être en retard : désolé ça a encore bouchonné sur la route. Les employeurs au Luxembourg sont compréhensifs mais la crise sanitaire doit être l’occasion de se poser les bonnes questions. Nous devons tous en tirer une leçon ».

Confort de vie : plus de sacrifice

D’ailleurs, il échangera dans les prochaines semaines avec son employeur sur cette nouvelle méthode de travail qui n’apporte que du positif au niveau du bien-être d’un salarié. Néanmoins, il ne sait pas si celui-ci sera ouvert au dialogue. Si un accord n’est pas trouvé : « Je pense que si je trouve un employeur belge ou luxembourgeois qui m’accorde du télétravail à temps plein. Je n’hésiterai pas à quitter mon job pour une meilleure offre ».

Il ne souhaite pas perdre un certain confort de vie, ni en productivité. Comme beaucoup de salariés, ce cadre craint désormais de retrouver « le stress journalier » et « les tensions » du présentiel.

100 % télétravail, encore mieux !

Le télétravail pour Stéphane, c’est une nouvelle manière de voir sa vie de salarié. Il préconise même si c’est possible le 100 % pour des métiers qui peuvent être digitalisés : « Travailler chez soi, c’est prendre le temps de faire tes tâches à fond. Quand tu es concentré pendant 8 heures et que personne ne te dérange, avouons que tu avances plus vite » consentant qu’il a retrouvé plus « de tranquillité » dans sa vie.

Il atteste aussi d’une meilleure manière de gérer sa vie privée et professionnelle. Il retrouve un équilibre qu’il avait perdu : « Je me sens plus serein. Je ne cours plus pour gérer les petits couacs du quotidien. Je ne cours plus non plus pour aller chercher mes enfants à l’école ».

« Travailler seul, ça s’apprend »

Est-ce que son employeur a conscience de ce mieux être ? Oui. Il compte d’ailleurs rapidement reparler de ces conditions de travail et de l’amélioration apportée par le télétravail : « Travailler seul(e), je pense que ça s’apprend. Durant un an et demi, chacun a pu tester tous les bienfaits du télétravail. Ce fut une révélation et ce sera une condition désormais non-négociable pour mon entreprise. Revivre les galères du frontalier d’avant la crise, ça ne m’intéresse plus ».

Si vous souhaitez partager votre expérience, contactez-nous par mail [email protected] ou remplissez ce formulaire.

Lire Chantal : « Le télétravail n’est pas synonyme de “télé” mais bien de “travail”»

 

Retrouvez-nous sur