Chaque matin, chaque soir, c’est le même refrain. Pour les travailleurs français qui rejoignent le Grand-Duché ou regagnent leur domicile, les kilomètres de bouchons s’enchaînent sur l’A31. Le problème, croissant, irrite à la fois employés et employeurs. A défaut d’une réelle solution de mobilité, le télétravail, en offrant la possibilité de désengorger les routes aux heures de pointe, apporte une réponse à cette problématique.

Plus de 30.000 frontaliers concernés

Initié il y a plusieurs mois, le projet de création d’un bâtiment dédié au télétravail et au coworking des frontaliers prend aujourd’hui une forme plus concrète. La communauté d’agglomération Portes de France-Thionville vient en effet de déposer un permis de construire à destination d’un tel site.

Il faut dire que cette région du Grand Est en a bien besoin. Ensemble, les sept communes membres de la communauté d’agglomération de Thionville regroupent plus d’un tiers des 90.000 Français qui franchissent chaque jour la frontière pour venir travailler au Luxembourg. Le nouveau bâtiment pourrait accueillir, entre autres, ces frontaliers en début ou en fin de journée, de manière encadrée et leur permettre ainsi de réduire leur temps de trajet.

Pas d’impact sur l’imposition des revenus

La réglementation française en matière de télétravail offre plus de souplesse que celle de ses voisins belge et allemand. Du point de vue de la sécurité sociale, le salarié, quel que soit son pays de résidence, doit passer au moins 75 % de son temps de travail au Grand-Duché pour rester affilié à la sécurité sociale luxembourgeoise.

En ce qui concerne la réglementation fiscale, le temps passé en dehors du lieu de travail ne doit pas dépasser un jour par semaine pour les Français. En fractionnant les journées de télétravail, le projet semble donc tout à fait envisageable.

Les employeurs luxembourgeois intéressés

Baptisé S-Hub, le bâtiment de télétravail et de coworking devrait être implanté le long de l’A31 à Thionville, sur la ZAC Meilbourg, à proximité du nouveau Decathlon.

D’une surface totale de 2.000 m2, il comprendra cinq étages. Les deux premiers seront commercialisés à des employeurs luxembourgeois qui autorisent leurs collaborateurs à commencer et/ou à finir leur journée en télétravail. Selon le cabinet PwC Luxembourg qui a été chargé d’étudier la faisabilité du projet, près de 10.000 salariés pourraient être concernés dans un premier temps. Certaines entreprises luxembourgeoises ont déjà manifesté leur intérêt pour le concept. Les trois autres plateaux seront destinés au coworking. Idéalement, ils seront vendus à une société qui en assurera l’exploitation, de manière privée.

A côté des espaces de travail, le S-Hub disposera de salles de réunion, de lieux de repos et d’une cafétéria. De nombreux emplacements de parking, dont certains dédiés au covoiturage, seront également mis à disposition des travailleurs.

Un budget de 4,5 millions EUR

Selon la Communauté d’agglomération Portes de France-Thionville, la construction du S-Hub débutera lorsque la moitié des espaces aura été commercialisée. Il devrait ainsi sortir de terre d’ici 2018 et coûter quelque 4,5 millions EUR. Le Conseil régional du Grand Est s’est engagé à participer à son financement. Si ce premier projet s’avère concluant, quatre autres immeubles du même type pourraient voir le jour.

Jeanne Renauld

(Article publié dans le numéro 84 d’Entreprises Magazine, juillet/août 2017.)

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Photo-Communauté d’agglomération Portes de France-Thionville