Si l’on s’en réfère aux chiffres de 2018, l’Université de Lorraine compte quelque 60.000 étudiants dans ses rangs. Parmi ceux ayant rejoint le marché du travail durablement après la sortie de l’université, 88 % étaient en situation d’emploi 18 mois après l’avoir quitté.

Chaque année, elle envoie 10 % de ses diplômés gonfler les rangs de travailleurs au Luxembourg. C’est ce que révèle son enquête annuelle sur le devenir professionnel de ses diplômés dévoilée la semaine dernière. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance.

L’origine géographique

Plus le lieu de résidence parentale est proche de la frontière, plus les diplômés sont enclins à la traverser. Jusqu’à 53 % des diplômés dont les parents habitent à moins de 20 km du Grand-Duché sont dans cette situation.

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De manière générale, les étudiants à l’Université de Lorraine sont plus amenés à exercer à l’étranger qu’ailleurs en France. La proximité avec l’Allemagne, la Belgique et le Luxembourg explique cela même si ce dernier est plus particulièrement prisé.

A titre d’exemple, 33 % des diplômés du secteur de Longwy trouvent un point de chute au Grand-Duché. Ils sont 13 % issus du secteur Thionville-Yutz contre seulement 6 % et 4 % depuis l’agglomération de Nancy et les départements vosgiens.

Des compétences en adéquation avec le marché luxembourgeois

La part des services dans l’économie luxembourgeoise se monte à plus de 85 %. Un secteur dans lequel les pénuries de main d’œuvre sont quasi constantes.

Rien d’étonnant dès lors à ce que les diplômes dans les domaines de la finance, du développement informatique, du droit et de l’information ouvrent des portes aux étudiants. Dans le cas du Master MIAGE (Méthodes Informatiques Appliquées à la Gestion des Entreprises), un diplômé sur deux s’insère au Luxembourg.

Les formations en Arts, Lettres et Langues (ALL) et Droit, Economie, Gestion (DEG) sont elles aussi pourvoyeuses de main d’œuvre pour le pays. Près de 20 % des masterants de niveau 1 de la première citée trouvent un emploi au Luxembourg.

Les conditions salariales et l’adéquation poste/études

Avec, en moyenne, 700 euros mensuels de plus qu’en France sur la fiche de paie, les diplômés n’hésitent pas à regarder vers la frontière.

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Aussi, ils sont, au Luxembourg, 86 % à juger positivement l’adéquation entre le poste qu’ils occupent et les études qu’ils ont effectuées contre 78 % en France.

La proportion des diplômés à occuper un emploi stable (CDI) est également nettement supérieure côté luxembourgeois : 77 % contre 62 % en France.

La nationalité

90 % des diplômés luxembourgeois finissent pas retourner exercer au pays. Ce constat veut également pour les étudiants d’origine portugaise. Ils sont 80 % à venir au Luxembourg, probablement en raison de la forte communauté portugaise au pays.

58 % des diplômés belges s’y insèrent également, sans doute en vue d’un rapprochement géographique. Les ressortissants d’origine africaine sont, en revanche, très peu représentés au Luxembourg.

L’enquête souligne enfin que 95 % des diplômés français en emploi au Luxembourg n’y réside pas. Le coût de la vie, du logement, la congestion des infrastructures sont autant de freins à l’implantation sur le sol luxembourgeois.

Plus de la moitié d’entre eux habitent à moins de 40 km de Luxembourg-Ville et prennent donc part au flot quotidien de frontaliers.

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