Dimanche 21 février. Sébastien*, 43 ans, restaurateur au Luxembourg, depuis 5 ans, est passé à l’acte dans son établissement situé près de la frontière belge : « J’ai pris le câble de mon téléphone portable et je l’ai serré autour de mon cou. Je suis monté sur une chaise que j’ai ensuite fait tomber » évoque-t-il.

Un dernier message : « Je vous aime »

Le dernier message qu’il a envoyé, était destiné à ses parents « Sachez que je vous aime ».

C’est grâce à la visite d’une amie, que Sébastien, père de deux enfants de 10 et 12 ans, a pu s’en sortir : « Si elle n’était pas venue à l’improviste, aujourd’hui, je serais mort ». Un geste qu’il regrette désormais mais acculé par une situation financière alambiquée due à la fermeture des établissements dits « non essentiels » au Luxembourg, Sébastien ne voyait pas d’autres solutions : « Si on n’est pas essentiel, autant en finir ».

Est-ce un geste de désespoir ? Oui, selon le restaurateur qui reconnaît que sa santé mentale n’est pas bonne : « J’ai tenu les différents confinements. Mais depuis novembre, je déambule dans mon restaurant vide de monde. Je ne trouve plus de sens à ma vie ».

Que s’est-il passé dans la tête de Sébastien ce jour là ? « J’étais perdu face une crise sanitaire qui me prend tout. Les aides financières de l’Etat, c’est bien mais cela ne fait pas tout. Derrière mon restaurant, il y a des années de durs labeurs pour y arriver. C’est une entreprise que l’on a construit à la force de son courage. Sans clients, à quoi bon continuer » relate Sébastien, la gorge nouée par l’émotion.

Sous médicaments et suivi psychologiquement depuis son geste, Sébastien n’attend plus qu’une chose « que le gouvernement annonce la réouverture des restaurants ». Rapidement.

Une ligne infranchissable

Le témoignage de Sébastien n’est pas un cas isolé puisque le 16 novembre 2020, c’est Alysson, cette fois, une liégeoise indépendante de 24 ans, qui avait mis fin à ses jours, après avoir tout perdu à cause de la crise sociale et économique.

Cette épidémie met à rude épreuve la patience et la trésorerie des commerçants. Certains ne verraient plus le bout du tunnel. Entre l’apparition de la souffrance et le passage à l’acte : « C’est une ligne facilement franchissable » selon Laurent Daccordi, chef des urgences à l’hôpital de Toul.

3000 appels reçus à SOS détresse

Est-ce que les idées suicidaires seraient en lien avec la crise sanitaire ? Difficile de le dire selon SOS détresse au Luxembourg. Sur quelques 3 000 appels reçus en 2020, le responsable remarque que près de 700 appels concernent effectivement l’épidémie de la Covid-19. La grande majorité « des questions tournent autour de l’avenir générant des inquiétudes. Nous devons principalement gérer des peurs et des angoisses ».

Les mesures prises par le gouvernement sembleraient limitées et surtout loin de répondre aux besoins des concernés chez qui la lassitude, voire la déprime semble durablement s’installer.

Contact : prevention-suicide.lu

Besoin d’aide ?
SOS détresse (Adulte)  : 45 45 45

*Sébastien est un nom d’emprunt

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