Les chiffres sont inacceptables ! L’an dernier, 34% des travailleurs belges ont été victimes de harcèlement sexuel et moral, de discriminations, ou encore d’agressions verbales et physiques sur leur lieu de travail.

Les femmes seraient plus touchées

Ces résultats proviennent d’une enquête récemment publiée par Mensura, un cabinet belge spécialisé dans la prévention, la sécurité et la santé. L’étude a été réalisée auprès de 10.000 travailleurs.

Ces formes de comportement inapproprié constituent une menace pour le bien-être, la santé mentale et physique des travailleurs concernés et nécessite une approche ad hoc“, souligne ses auteurs.

Un quart d’entre eux affirment avoir subi au moins une agression, physique ou verbale. 13% des sondés ont été victimes de harcèlement et de discrimination, et 2% évoquent un comportement sexuel indésirable. 38% des 45-54 ans déclarent avoir été confrontés à de tels agissements. Ils sont 27% chez les moins de 25 ans.

37% des femmes et 32% des hommes en ont été victimes.

Et au Luxembourg ?

Au Grand-Duché, les études portent essentiellement sur le harcèlement moral. À l’exemple de celle menée par la Chambre des Salariés-Luxembourg (CSL), et qui couvre les années 2013 à 2015.

Selon ses auteurs, 13,8% des salariés en ont été victimes en 2015. Les 16- 24 ans sont les plus touchés, tandis que les plus de 55 ans sont les moins concernés par ce phénomène.

Parmi les actions négatives les plus fréquemment citées : l’attribution de missions dénuées de sens (8,2%), les critiques au travail (7,6%), le fait d’être ignoré (5,7%). Tandis que 1,7% des salariés affirment avoir été ridiculisés par leur supérieur ou leurs collègues devant d’autres personnes.

Frontaliers inégaux face au harcèlement

L’enquête de la CSL montre également que les entreprises dont le nombre de salariés a diminué enregistrent le plus fort taux de harcèlement moral (19,2%), contre 15,2%, chez celles dont le staff a augmenté, et 8,9%, chez celles dont le nombre de collaborateurs est resté stable.

Le harcèlement diffère aussi selon les pays de résidence. Son taux est le plus élevé chez les salariés résidant en France (18,6%). Il est de 10,1% chez les résidents belges et de 12,3% chez leurs collègues d’Allemagne.

“Un des problèmes psychosociaux les plus difficiles à combattre”

Le comportement inacceptable demeure un des problèmes psychosociaux les plus difficiles à combattre sur le lieu de travail,” note Mensura. “Nous conseillons, outre la mise en place d’une politique de prévention, qui fixe clairement les limites sociales généralement acceptées, de pouvoir discuter du comportement inapproprié avec les employeurs et les travailleurs.“.

Les victimes doivent s’exprimer

La victime doit aussi “pouvoir exprimer son sentiment de désagrément, d’irritation ou de peur et faire clairement comprendre que les limites ont été dépassées,” exhorte le spécialiste de la prévention, de la sécurité et de la santé.

Au Luxembourg, l’employeur est responsable en matière de harcèlement moral, en vertu de l’article 1134 du Code Civil. Il appartient donc au salarié se prétendant victime d’actes de harcèlement moral d’introduire son action sur cette base légale.

Il devra notamment prouver qu’il a été la cible d’agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits et à la dignité du salarié, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel.

Il devra également rapporter la preuve qu’il y a eu un préjudice, et qu’il existe un lien causal entre la prétendue faute de l’employeur et le préjudice.