Avant 1980, c’est le Plat pays qui fournissait le plus gros contingent de main d’œuvre étrangère au Grand-Duché, jusqu’à ce que la tendance ne s’inverse avec la métropolisation du pays.

Aujourd’hui, plus de la moitié des frontaliers ne sont pas seulement français, ils sont aussi lorrains. Plutôt logique somme toute. Le reste des 187.800 travailleurs résidant hors-Luxembourg recensés en janvier 2018, provient équitablement de Belgique et d’Allemagne.

Les frontaliers répartis entre 642 communes lorraines

La Moselle, la Meurthe-et-Moselle, la Meuse enverront bientôt près de 100.000 contribuables sur le marché du travail local. A ce titre, le LISER et le laboratoire SAGE (Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe), ont récemment diffusé une étude sociodémographique des centres de gravités français à proximité de la frontière. Celle-ci repose sur les données de recensement de la population française.

C’est ainsi que sur les 1.824 communes composant les trois départements en 2013, 642 étaient habitées par des frontaliers (un tiers) contre seulement 153 en 1968.

La proportion d’actifs issus de ce territoire et exerçant en France n’a cessé de diminuer en même temps qu’elle venait gonfler le flot de frontaliers : de 0,3% de Lorrains frontaliers à la fin des années 60, la part de cette catégorie atteignait 8,7% en 2013.

Les classes de frontaliers défavorisées croissantes à Longwy

Autre constat, Thionville, autrefois le centre névralgique des salariés limitrophes, laisse progressivement sa place à l’agglomération messine.

Le niveau de qualification tout comme le statut social de la population se sont élevés, accompagnant ainsi la fin de l’ère sidérurgique et le fléchissement conséquent de la classe ouvrière.

Pour autant et à l’exception de Metz et Thionville, « la proportion et les effectifs des classes défavorisées1 restent cependant plus nombreux que ceux des classes favorisées », conclut le rapport.

Les deux grandes cités mosellanes ont la particularité d’accueillir les frontaliers les plus diplômés.

A l’inverse du bassin de Longwy, où les classes défavorisées sont non seulement plus nombreuses que leurs homologues favorisées, mais dont les effectifs continuent de grimper.


1 Dans le cadre de cette étude, les qualificatifs « favorisé » et « défavorisé » correspondent à la facilité d’accès à l’emploi « dans un contexte de métropolisation trans- et internationale où se sont les personnes pouvant légitimement prétendre occuper un poste de gestion ou de direction qui sont le plus recherchées. »