Précarisés, isolés et exténués, les jeunes sembleraient eux-aussi « à bout de souffle ».15,2 % des jeunes de 12 à 17 ans  « auraient pensé sérieusement au suicide ». Une donnée que confirme le service communication du ministère de l’Education au Luxembourg.

Mais depuis le confinement en mars dernier, les équipes éducatives ont été alertées, de manière plus forte sur ce sujet : « On nous sollicite pour réaliser des supports de communication afin d’accompagner ces jeunes fragilisés par la crise sanitaire. Ils sont devenus des sources d’inquiétude notamment à cause de leur état psychologique qui se dégrade, mois après mois ».

La raison selon le ministère ? Le lien social qui se délite : « Les jeunes sont les grands perdants de cette crise sanitaire ». En France, on parle même de « génération sacrifiée » ou encore des « oubliés de la société », un message fort à destination du gouvernement démontrant la violence de cette crise sur le moral des jeunes.

De son côté, le ministère de l’Education au Luxembourg tente d’apporter des solutions rapides en créant entre autres une page web, qui sera lancée prochainement. Le but est de proposer une série d’activités et de lieux à visiter aux plus jeunes. Dans la foulée de ces actions, les aides psychologiques et les accompagnements ont été renforcés dans les établissements scolaires.

Confinement et réseaux sociaux

Pour cette génération qu’on qualifie souvent de « digital-native », hyper-consommatrice de contenus circulant sur les réseaux sociaux, ces médias ont joué un rôle plutôt ambivalent.

Aides précieuses pour lutter contre l’isolement, permettant le maintien d’un cercle social, affectif et familial, ils ont également pu semer le trouble dans l’esprit de certains.

Des études menées par le Center for Internet Addiction aux États-Unis, établissent un lien entre la consommation des réseaux sociaux et certains malaises éprouvés par ces adultes en construction, tels que des troubles identitaires.

En effet, cette tranche d’âge peut se voir démunie par rapport au flot de référents auxquels ils sont exposés car le discernement nécessaire peut leur faire défaut.

Quel est le constat ici ? « Des amis virtuels j’en ai plein, c’est sympa, mais ils ne se préoccupaient pas vraiment de moi quand je n’allais pas bien, c’est assez superficiel au final » commente Chloé. « J’étais souvent avec ma maman en FaceTime. Le fait de ne pas pouvoir la prendre dans les bras était bizarre » regrette Pauline. Contrairement aux idées reçues, ces adolescents qu’on suspecte d’un engouement quasi aveugle pour les contenus numériques, témoignent d’une lucidité certaine. Et le réel finit par l’emporter sur le virtuel. « Après deux semaines en confinement, je saturais vraiment, je n’en pouvais plus des réseaux […] Depuis qu’on a vécu ça, on est beaucoup moins sur nos smartphones alors qu’avant on était dessus tout le temps comme si c’était la chose la plus importante au monde, même lorsqu’on se retrouvait ensemble. Personnellement, cette expérience m’a fait réaliser que le contact social direct est ce qu’il y a de plus précieux».

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Quelles perspectives professionnelles ?

Selon l’étude ‘Les jeunes et la Covid-19’ menée par l’Organisation Internationale du Travail, la tranche d’âge comprise entre 16 et 29 ans sont la frange de la population la plus lourdement impactée par les conséquences directes et indirectes de la pandémie.

L’étude estime en effet que les effets disproportionnés de la pandémie sur les jeunes ont exacerbé les inégalités et risquent d’affaiblir le potentiel productif de toute une génération.

Au Luxembourg, ce sont plus de 30% des demandeurs d’emploi qui appartiennent à cette tranche d’âge. Et leur situation s’est nettement précarisée en 2020. « Je pense que c’est pire pour un jeune que pour un adulte actif, qui a déjà sa carrière en place. Je ne trouve même pas un poste d’apprentissage. Il y a vraiment une dimension d’injustice car on nous enlève nos possibilités […] les gouvernements ont poussé trop loin, sans réellement tenir compte de tous les aspects », s’agace Jean. « Je comprends évidemment qu’ils fassent de leur mieux pour protéger la population mais est-ce qu’ils seront vraiment en mesure d’apporter des solutions à ce qui va suivre? ». Il avoue un certain pessimisme quant à son futur et celui des générations à venir. Pour Chloé, même désillusion « ce qui est frustrant, c’est qu’on n’a plus accès au marché de travail, même pour les jobs d’été, on n’a nulle part où aller ».

Solidarite-jeunes.lu vient de sortir un article intitulé “Chez soi – loin de chez soi
La vie des mineurs et des jeunes adultes dans les foyers d’accueil“.

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